Y a-t-il une vraie révolution macroniste ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Y a-t-il une vraie révolution macroniste ?

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C’est le Président lui-même qui s’est donné cette perspective de révolution, un mot certes qui demande des définitions précises. Il ne s’agit sûrement pas d’une révolution à la Chavez cher à Jean-Luc Mélenchon. Le discours au Congrès de Versailles et le discours du Premier ministre à l’Assemblée nationale ont donné les contours du bouleversement attendu. Il faudra que les objectifs soient réalisés, effectués selon le mot consacré, pour qu’on puisse vraiment croire aux promesses. Mais il y a des choses qui bougent incontestablement notamment sur le terrain institutionnel. L’éditorialiste du Monde a fait à ce propos une remarque qui a retenu toute mon attention. S’il se revendique volontiers du philosophe Paul Ricœur. Emmanuel Macron pourrait tout autant invoquer la paternité de l’économiste Joseph Schumpeter. Celui-ci avait fait de l’innovation le moteur de la croissance au prix de la destruction créatrice des vieux systèmes d’organisation par de nouveaux. La phase de destruction étant largement accomplie, la phase créatrice peut désormais s’engager.

Il y a bien longtemps que j’ai lu Schumpeter mais ses remarques sur la destruction créatrice m’avaient frappé avec des objections que l’économiste formulait à son égard. Car, précisait-il, à trop vouloir détruire, le capitalisme risque non seulement d’abattre les barrières qui gênaient ses progrès mais aussi les arcs-boutants qui l’empêchaient de s’effondrer. Ou encore les vertus entrepreneuriales qui avaient permis l’essor de la société industrielle risquaient de disparaître dans un processus éradicateur qui entraînait le meilleur et le pire : le progrès matériel et la régression sociale par exemple. De ce point de vue, la révolution macronienne suscite quelques interrogations. On sait ce qu’elle a détruit : le PS et les Républicains. On peut aimer ou détester les uns et les autres, faire le procès de leur gestion passée, de leur immobilisme, mais ils constituaient des forces, se réclamaient de traditions qu’il faudra remplacer. Les troupes macronistes en auront-elles la possibilité ? Offriront-elles les gisements de talents nécessaires à la recréation ? Il faudra de toute façon faire appel à la substance de la société française, avec tout ce qui est disponible, pour engager une autre étape. La fidélité historique dont se réclame aussi le président peut aider à ce que la révolution s’effectue sans dommages notables.

Mais il faut préciser l’analyse qu’affinent de leur côté les meilleurs observateurs de la chose publique. Alain Duhamel, Éric Zemmour, parlent du pouvoir des énarques que l’on distingue aussi comme des experts ou comme des technocrates et ils rejoignent ainsi Jacques Julliard qui, dans un article remarquable du Figaro, a parlé de Macron et du retour de Saint-Simon. Saint-Simon, ce n’est pas le terrible mémorialiste du règne de Louis XIV. C’est le comte de Saint-Simon qui, au XIXe siècle, a théorisé l’avènement du pouvoir des experts. Celui qui a voulu substituer au gouvernement des hommes, l’administration des choses.

La destruction créatrice ainsi se caractériserait par la fin de la prépondérance des partis et du jeu parlementaire et l’avènement du règne des techniciens. Le gouvernement formé autour d’Édouard Philippe serait typiquement une équipe de techniciens, une équipe chargée par le président jupitérien de lancer une révolution économique et sociale, en mettant fin aux archaïsmes. Le rapprochement avec ce que fut l’entreprise gaullienne de 1958 s’impose dans cette perspective. Julliard m’a rappelé un article très ancien sur de Gaulle, héritier de la tradition des officiers saint-simoniens. C’est vrai qu’il y a des analogies intéressantes à établir entre le macronisme et le gaullisme. Elles concernent cet aspect technocratique du pouvoir se substituant à la partitocratie. Mais elle concerne également l’exercice monarchique du pouvoir. Ce qui est soustrait au Parlement classique se trouve ramassé et réordonné par un président, qui loin d’avoir renoncé au politique proprement dit, l’assume complètement, surtout dans la conduite des affaires internationales. Le Général avait un grand dessein, qui permettait à la France de jouer sa propre partie à l’encontre des empires dominants. Visiblement, Emmanuel Macron a une idée précise du rôle diplomatique de la France dans la nouvelle configuration internationale.