Quand l’idéologie humaniste cherche à dire du bien des religions, elle les crédite généralement « d’enseigner la compassion ». Ainsi le judaïsme, le christianisme, l’islam et le bouddhisme auraient-ils en commun d’apprendre aux hommes l’unité de l’humanité, en attendrissant leurs cœurs face à la souffrance universelle. Compatir au malheur des hommes, quels qu’ils soient, voilà la vertu fondamentale ! Tout le reste ne serait que bavardage théologique. Vision terriblement courte.
On remarquera pour commencer que, sous couvert d’unanimisme interreligieux, cette insistance sur la compassion donne en fait l’avantage aux sagesses orientales : à proprement parler, il n’y a, en effet, que le bouddhisme qui présente la pitié comme la voie du salut. Car, selon la doctrine du Bouddha, la prise de conscience de la souffrance universelle – la vie est désir et le désir est souffrance – est la première étape de la libération, qui doit conduire à éteindre tout désir, pour nous fondre dans le néant.
Notez-le au passage : il y a un fond de nihilisme dans les doctrines orientales, qui consonne avec le désespoir matérialiste et qui explique sans doute la vogue des sagesses orientales et de leurs ersatz dans la Silicon Valley et à Hollywood – la « morale » de Star Wars, par exemple, est intégralement bouddhistoïde.
La souffrance n’est pas le dernier mot
Aux antipodes de cette vision du monde, le christianisme n’estime pas que la souffrance soit le dernier mot du réel ni que l’extinction du désir soit le secret d’une vie accomplie. Le désir et la joie y ont, en définitive, le dernier mot. On ne saurait donc enrôler le christianisme dans cette grande promotion de l’attitude compassionnelle, présentée comme le fin du fin de l’attitude religieuse. Est-ce à dire que la compassion n’ait aucune place dans le christianisme ? Non, bien sûr ! N’est-il pas écrit : « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux » ? (Luc 6, 36.) Essayons donc d’y voir plus clair.
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Pour aller plus loin :
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