Que penser du scandale Wikileaks ? Ainsi, un site internet peut se permettre de diffuser dans le monde entier des dizaines de milliers de documents, émanant de la diplomatie américaine, et qui nous livrent en direct et en brut un certain nombre de jugements sans aménités sur les dirigeants de la planète. Faut-il parler de secrets d’État? Peut-être pas, quoi que sur certains sujets très sensibles, on frise l’indiscrétion grave et l’incident diplomatique.
Cependant, nous assène Julian Assange, le responsable australien de ce beau déballage, tout cela n’est fait que pour servir la vérité et la morale. Il s’agirait de divulguer vertueusement « les comportements non-éthiques des gouvernements et des grandes entreprises ».
Je fais toute réserve sur cette intention, d’autant que je me méfie comme de la peste de toute instrumentalisation de la morale. Se donner la position avantageuse de redresseur de torts, c’est très souvent se donner à soi-même un instrument au service de sa volonté de puissance. Plus vertueux que moi, tu meurs ! Non, la morale est infiniment plus onéreuse, elle oblige le moraliste et le prophète à prendre des risques pour dire tout haut des choses difficiles à révéler. Dans le cas présent, on se met en vedette, en exposant les autres à tous les risques.
Il faut le répéter: le secret est partie intégrante de la vie morale, il protège les libertés personnelles et tout autant la sécurité des États. Il ne doit être révélé que lorsqu’il s’agit de se protéger des pires périls. Hier, il y aurait eu avantage à révéler les plans secrets de Staline et de Hitler. Aujourd’hui, Wikileaks révèle les pensées secrètes des diplomates occidentaux et ne nous dit rien de celles des États totalitaires. Cela juge l’exploit ! Mais comment le département d’État américain a-t-il pu ainsi laisser violer ses archives?
Chronique lue le 30 novembre sur Radio Notre-Dame
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