Vraiment un mariage ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Vraiment un mariage ?

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Nathalie Kosciusko-Morizet a expliqué dans Libération pourquoi elle s’abstiendrait sur « le mariage pour tous ». Elle écarte par avance toute interprétation opportuniste de sa décision. Ce n’est pas parce qu’elle se prépare à déclarer sa candidature à la mairie de Paris, qu’elle entend se distinguer du vote négatif de sa formation. Les mauvais esprits sont prompts à soupçonner la manœuvre à l’égard de l’électorat boboïsant, dont Roselyne Bachelot a expliqué qu’il était incontournable pour conquérir la capitale. Non, l’ancienne ministre se veut cohérente dans sa démarche, et je suis témoin qu’elle s’en était expliquée sur son blog dès octobre dernier, dans un texte qui suscitait de ma part de sérieuses objections. Elle est pour une union civile qui accorderait un certain nombre de droits aux couples homosexuels, elle s’oppose résolument à toute porte ouverte à la PMA et à la GPA.

En d’autres termes, elle aurait approuvé le mariage homosexuel, mais circonscrit dans des limites bien établies, à ceci près que le mot mariage ne correspond pas vraiment à son intention. L’aurait-elle néanmoins avalisé, si elle avait obtenu les garanties nécessaires ? Je suis tenté de le penser. C’est d’ailleurs la position de Sylviane Agacinski. J’avoue mon trouble, et celui-ci est parfaitement exprimé par une autre dame, la psychanalyste Marie Balmary, qui s’est exprimée en termes très précis dans l’hebdomadaire La Vie. Si les mots ont un sens, celui de mariage va se trouver bousculé par la nouvelle acception qui sera la sienne. Jusqu’ici, par définition le mariage était l’union consacrée, civilement ou religieusement, d’un homme et d’une femme. Est-il possible de garder ce mot de mariage, s’il concerne désormais d’autres formes d’union, en l’espèce l’union homosexuelle ? Nous sommes bien dans une distorsion de vocabulaire : « L’Académie française pourrait prier le législateur d’inventer un autre mot plutôt que de nous priver d’une des spécificités majeure du langage : distinguer des réalités différentes grâce à la diversité de vocables pertinents. »

Les questions sémantiques ne sont nullement secondaires. Elles sont significatives du sens profond des choses. Si Madame Taubira s’accroche si fort au mot mariage, c’est à cause de la force du vocable. Tout autre mot serait très inférieur en puissance évocatrice et en performance verbale. Mais il y a une logique qui la mène – au grand dam de Nathalie Kosciusko-Morizet – à revendiquer les liens de la filiation. Accorder le mariage est-ce offrir une médaille en chocolat ou ne pas rechigner aux conséquences de tout ce qu’il implique, PMA et GPA comprises ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 6 février 2013.