Que doit-on faire à propos de l’afflux de l’islam en Occident – à part d’accepter le carnage (très récemment à Barcelone) comme « nouvelle norme »? Certaines voix proéminentes fixent leur espoir sur des « réformes » d’une sorte ou d’une autre. Pour eux, certains aspects de l’islam devraient être adoptés, à condition que certains autres soient exclus. En faire une question d’emphase plutôt qu’une évaluation globale en ce qui concerne la question de compatibilité entre l’islam et l’Occident.
Je comprend l’appel, mais je ne suis pas le seul à estimer que c’est une vue trop rose, et non réaliste. La réforme ne semble pas être une grande priorité au sein du monde musulman, ni là où les musulmans se sont installés en masse en Occident. En analyse finale, « réformer » l’islam suivant les principes occidentaux revient à sonner son glas.; si vous supprimez le riz, essayez de faire un risotto réformé.
Saint Paul savait qu’un chrétien pratiquant serait à plaindre si la Résurrection n’était pas réellement arrivée. Pour les musulmans, tout dépend de la croyance que Mahomet soit le modèle suprême pour la conduite humaine. Vous ne pouvez pas séparer cela des éclats de malveillance qui sont conformes à son exemple.
Une approche plus prudente, semble-t-il, serait de considérer la règle des nombres. La violence, l’agitation et les exigences de se conformer à la charria sont très rares pour commencer, mais elles augmentent régulièrement comme la concentration de musulmans progresse. Là où les enclaves deviennent de plus en plus rares, de même sont les incidents; c’est pourquoi les résidents de Pologne et de Hongrie peuvent se sentir plus tranquilles que ceux de France, du Royaume-Uni ou de Suède. Il est étonnant que ceci semble non compris par ceux qui s’imaginent que la solution repose simplement sur une plus grande magnanimité, comprise comme des compromis sans borne.
Dès que cela va trop loin, vous vous trouvez avec des options moins nombreuses et moins agréables. Des majorités opposées à la violence peuvent peupler certaines enclaves, mais elles fonctionnent cependant comme des ports pour l’armada djihadiste. David Goldman argumente que, peut-être, la seule option, lorsque nous sommes face à des assauts répétés de terrorisme, est de s’introduire en force dans ces enclaves en totalité,. De leur faire craindre les autorités occidentales plus que les fomenteurs du djihad.
Ceci impliquerait des mesures qui seraient désagréables, même « répugnantes » dans des conditions ordinaires, mais qui sont difficiles à éviter dans le contexte d’une guerre asymétrique. Sans une forte incitation, quel musulman abandonnerait la passivité – un mécanisme de survie – qui donne une couverture à la perpétuation des atrocités ? Il est préférable de ne pas laisser les choses en arriver là.
D’autres leçons – incluant des mesures concrètes – doivent être tirées de l’expérience de la Guerre Froide. Un récent article à pointé l’utilité du « Communist Control Act » de 1954, qui avait été passé pour faire face aux infiltrations d’éléments subversifs; mettez le mot de Jihadistes à la place de Communistes (et maintenir la même Constitution) et vous cuisinerez avec du gaz.
Naturellement, la Gauche se hérisserait à cette analogie, mais ils ne peuvent même pas être amenés à interpeller l’Islam sur ce qui leur semble le plus cher: le droit à la « vie privée ». La notion du respect authentique – à l’opposé de faux, euphémisme – de l’intimité n’existe pas dans l’Islam car, comme l’a relaté Ibn Warraq, les impératifs collectifs de l’Islam passent en priorité.
Mais encore, la tension continue entre le fait de maintenir nos libertés et contrer ceux qui voudraient utiliser nos libertés contre nous. Écrivant, alors que la Guerre Froide débutait, l’estimé philosophe des sciences du XXème siècle, Karl Popper avertissait (comme Ayan Hirsi Ali l’a fait remarqué) que si nous ne sommes pas préparés à défendre une société tolérante contre les attaques des intolérants, même si les intolérants étaient détruits et l’intolérance avec eux.
Réagir de manière énergique – sans tolérer l’intolérant – peut n’être pas nécessaire quand un argument rationnel est possible, ou quand l’opinion publique est unifiée contre l’oppression et l’intolérance. Mais quand quelques opposants rejettent ou interdisent tout argument rationnel, alors « nous devrions réclamer le droit de les supprimer même par la force, si nécessaire.
Pensez à l’Iman à Davis en Californie, qui a récemment appelé à « l’annihilation » des juifs – qu’il qualifiait d’ordures » – « jusqu’au dernier ».
Comparez l’affirmation de Popper que nous devrions considérer que l’incitation à l’intolérance et à la persécution de la même manière que nous devrions considérer le meurtre, ou le kidnapping ou le renouveau de la traite des esclaves, comme étant criminels. Permettre ouvertement un tel esprit de belligérance s’est terminé assez mal à Londres. Ce n’est pas une condition requise pour une authentique liberté.
Défendre l’intolérance, paradoxalement, au nom de la tolérance implique de situer la tolérance au sein d’une hiérarchie de plus larges vérités concernant la source de la dignité de l’homme et ses droits inaliénables – c’est à dire Dieu. C’est ici que T.S. Eliot, pensant à la Guerre Froide, s’approche le plus du coeur du problème en observant que « vous ne pouvez jamais combattre une religion, sauf avec une religion différente ».
Bien sûr, prenez toutes les mesures nécessaires. Prenez des mesures sensées. Mais c’est le niveau auquel la bataille se joue. La Foi est la fontaine d’où jaillissent les contre-mesures politiques. Une illumination, ou une compréhension profane de « valeurs », n’est simplement pas suffisante.
Au milieu de la lutte entre l’Occident et le communisme, Eliot vit que la conviction est importante – de façon décisive :
Si nous sommes incapables d’avoir une Foi au moins aussi forte que celle qui semble animer les classes dirigeantes de la Russie, si nous sommes incapables de mourrir pour une cause, alors l’Europe de l’Ouest et les Américains pourraient aussi bien être réorganisés immédiatement sur le modèle de Moscou.
Ou sur le modèle de la Mecque.
Le problème, dit-il est que « les gens ne semblent pas désireux d’agir » sur des questions religieuses inévitables et aux fortes implications.
Demander ce qui devrait être fait à propos de l’Islam est au fond demander comment nous devrions aussi combattre l’indifférence – et maintenant les hostilités ouvertes – contre la Chrétienté en Occident.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/08/26/you-cant-fight-religion-without-religion/
Tableau : Allégorie de la bataille de Lepanto par Paolo Veronese, 1572 [Gallerie dell’Accademia, Venise]
Matthew Hanley est « senior fellow with the National Catholic Bioethics Center ». Avec Jokin de Irala, M.D., il est l’auteur de « Affirming Love, Avoiding AIDS : What Africa Can Teach the West(//astore.amazon.com/thecatthi-20/détail/09353722563), qui a récemment gagner le prix du meilleur livre de La Catholic Press Association.
Les opinions exprimées ici sont celles de M. Hanley et non celles de La NCBC.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Jean-Paul Hyvernat
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- La France et le cœur de Jésus et Marie