Dimanche, il n’y avait pas que les élections législatives au programme. Il s’est passé beaucoup d’autres choses en France. Par exemple, le diocèse de Nanterre fêtait le cinquantenaire de sa naissance et, à cette occasion, avait organisé un grand rassemblement au stade Yves-du-Manoir à Colombes. On peut y voir une assez jolie provocation, d’autant que l’affiche annonçant cette manifestation avait adopté un slogan bien ajusté « Votez pour Jésus », avec un sous-titre qui avait valeur de petit traité théologique : « Tous élus par le Christ. » Bien sûr, il n’y avait aucune volonté de concurrence, il ne s’agissait nullement de dissuader les diocésains de Nanterre d’aller accomplir leur devoir électoral le même jour. Simplement, la singularité du calendrier invitait Mgr Aupetit et ceux qui avaient conçu et préparé l’événement à jouer d’analogies stimulantes.
Ce qui me frappe justement dans cette simultanéité des élections et du cinquantenaire, c’est qu’il y a parfaite coexistence pacifique, parce que l’ordre spirituel et l’ordre politique se déploient en parfaite autonomie et en parfaite harmonie. Au stade Yves-du-Manoir, l’évêque n’a soutenu qu’un candidat, Jésus, un candidat qui ne s’opposait à nul autre. C’est une leçon que devraient retenir tous les subtils analystes du vote catholique qui se sont multipliés ces temps-ci. Je ne conteste pas que leur travail ait un objet spécifique, légitime, mais je redoute qu’ils n’oublient l’essentiel. Avant toute projection électorale, toute interprétation idéologique, il y a la réalité sacramentelle de l’Église. Sur cette réalité, beaucoup d’initiatives peuvent se greffer, mais sans elle il n’y a pas d’objet d’étude à observer.
De cette réalité première, la politique ne devrait rien redouter. Il faut lire à ce propos le dernier essai de Jean-Luc Marion1. Car il s’agit certes d’une institution, qui s’exprime socialement, mais c’est une institution-communion, dont Pascal dirait qu’elle appartient à l’unique ordre de la charité. C’est cet ordre-là qui se déployait au stade Yves-du-Manoir, dimanche, à Colombes, et l’ordre du politique qui se déployait en même temps électoralement n’avait rien à en redouter, et beaucoup à en recevoir. Mais expliquer pourquoi réclamerait un peu plus de temps que je n’en dispose.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 juin 2017.
Pour aller plus loin :
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- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- La France et le cœur de Jésus et Marie
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