Après un abonnement d’essai d’un an, j’ai renouvelé mon abonnement. Je me permets de réagir à votre dernier numéro qui m’a un peu déçue : le titre Un coup de grâce et surtout l’article sur l’exposition sur le vaudou.
J’ai été choquée par cet article trop bienveillant, sous prétexe de culture, les photos hideuses…
En dehors de cela, j’apprécie énormément votre revue.
Avec toute mon amitié!
Marguerite
Je tiens tout d’abord à vous dire combien je suis navré que mon article vous ai choqué.
Je le suis d’autant plus que cet article est en fait la synthèse édulcorée de travaux d’ethnologues reconnus publiés sous forme de mélanges dans le livre auquel je renvoie en note (Vodou, sous la direction de Jacques Hainard, Philippe Mathez et Olivier Schinz, ISBN 978-2-88474-066-1).
Je me suis permis de tempérer les propos de certains d’entre eux, notamment sur les relations avec le protestantisme pentecôtiste (c’est à dire chez nous et du point de vue de l’observation sociologique, le renouveau charismatique). Par ailleurs, je n’ai pas cru devoir reprendre, même partiellement, les conclusions de l’étude de Laura Parker Nous servons le dieu des blancs maintenant, l’imaginaire vaudou dans la communauté haïtienne chrétienne de Paris (page 211 du livre précité) afin de ne pas choquer les lecteurs, même si sur le fond les observations me paraissent intéressantes.
Il n’en reste pas moins vrai, ce que ces auteurs ne disent pas mais qu’en tant que chrétiens on peut se partager entre nous, que si les campagnes anti-superstitieuses n’avaient pas poussé les vaudouisant à pratiquer ce qui n’est qu’un paganisme basique (et j’ai volontairement insisté sur ce dernier point dans mon article afin de dénier toute aura à cette pratique) en dissimulant leur culte derrière la dévotion rendue à des saints catholiques, on n’en serait pas rendu à ce niveau de pollution de la religion catholique par le vaudou qui fait dire à un prêtre vaudou que pour être un bon vaudouisant il faut être catholique (encore une formule que j’avais éliminé de mon article pour ne pas choquer) !
Vous connaissez sûrement l’adage économique selon lequel la mauvaise monnaie chasse la bonne et il en est hélas de même en matière spirituelle : il suffit de voir toutes ces personnes qui se fabriquent leur propre religion à partir d’éléments empruntés de bric et de broc dans différentes fois. En tant que catholique attaché au kérygme, j’avais estimé important de montrer le vrai visage du vaudou, car sa pratique contient des enjeux et des dangers que j’aurais qualifié de mortels pour la foi catholique si je n’avais pas foi, justement, en la pérennité de l’Eglise et en la véracité du Credo.
Je tiens à vous redire combien je suis navré que mon article vous ai choqué et vous prie de croire, Madame, à mes salutations les meilleures.
Pierre François
