Violences à Odessa : vers un encerclement de Kiev par les Russes ? - France Catholique
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Violences à Odessa : vers un encerclement de Kiev par les Russes ?

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De violence en violence, de provocation en sursaut de révolte, le tragique brasier de la guerre civile a atteint ce week-end le port d’Odessa, au Sud de l’Ukraine : un véritable incendie a fait une quarantaine de victimes, cette fois parmi des manifestants prorusses retranchés dans la Maison des syndicats après des affrontements avec… des supporters d’un club de football ukrainien. Agressés dans la rue par les pro-Russes munis pour certains de cagoules et de casques, et déplorant quant à eux quatre tués par balles, les supporters ukrainiens ont alors décidé de se venger. Certains d’entre eux auraient lancé des cocktails Molotov dans l’immeuble où s’étaient réfugiés les pro-Russes. Les pompiers d’Odessa, ville habituellement paisible, ont mis plus d’une heure à intervenir, malgré la relative proximité de leur caserne… Sous la pression d’environ 2000 manifestants prorusses menaçants, la police a libéré plusieurs dizaines de militants arrêtés entretemps.

Moscou a accusé Kiev d’une « incurie criminelle », mais les services de sécurité ukrainiens accusent des fidèles du président prorusse néosoviétique déchu Viktor Ianoukovitch – actuellement réfugié en Russie – d’avoir organisé ces troubles en payant leurs meneurs… L’historien britannique de l’Ukraine contemporaine Andrew Wilson a déclaré récemment qu’il craignait un scénario à la yougoslave avec l’intervention de milices manipulées.

Pendant ce temps-là, en Ukraine de l’Est, dans les fiefs industriels russifiés sous Staline, après la libération – sur feu vert de Moscou – des sept observateurs européens de l’OSCE pris en otage fin avril, l’armée ukrainienne a tenté de reprendre le contrôle de la situation. Elle a encerclé la ville de Sloviansk prise par des séparatistes prorusses. Mais deux de ses hélicoptères de combat ont été abattus à coups de lance-roquettes le 2 mai dernier par des soldats très bien formés aux capacités de professionnels. Peut-être ces « petits hommes verts » aperçus çà et là par petits groupes avec des armes ultramodernes dans cette région de l’Est, sous des uniformes sans insigne, et venus, non pas de la planète Mars, mais très probablement de l’autre côté de la frontière, c’est-à-dire de la Russie voisine…

Des experts militaires de cette région de l’ex-URSS annoncent une déstabilisation durable de l’Est mais aussi du Sud de l’Ukraine. Une telle désagrégation du tissu social pourrait permettre à la Russie de Poutine de déclarer illégitime et non viable le projet ukrainien d’élection présidentielle du 25 mai, et de rendre impossible tout compromis politique en misant sur le chaos. Mais si c’était la politique du pire, il serait bon de se souvenir que c’est la pire des politiques ! Car à terme, personne ne peut en profiter durablement.

Denis LENSEL