« Il est interdit de mettre à la casse la famille » était-il inscrit samedi sous l’estrade de la manifestation monstre contre le projet d’union civile de Matteo Renzi dans le Cirque Maxime de Rome. Évidemment, les catholiques formaient l’essentiel de la foule rassemblée, et si le Vatican et l’épiscopat italien s’étaient montrés relativement discrets à propos de la manifestation, la présence sacerdotale y était visible jusque dans la tribune. Car casser la famille, ce n’est pas rien, c’est porter atteinte à la forme sociale la plus immédiate, celle qui, selon Pierre Legendre, institue la vie. Certes, on ne s’est pas fait faute de reprocher à l’Église catholique de ne se mobiliser que sur ce genre de questions : la famille ou la vie à naître. Sur ce dernier sujet, un collectif de sept évêques français est intervenu également samedi dans une tribune publiée par Le Figaro et Famille Chrétienne, et reproduite sur le site de la Conférence des évêques de France.
Entre parenthèses, ce texte brise un véritable tabou, sur lequel veille jalousement notre ministre de la santé, Marisol Touraine. Tout ce qui concourt à défendre la vie naissante et à avertir les femmes du traumatisme que constitue la suppression d’une vie est interdit d’expression. Alors, il faut bien que l’Église donne voix aux sans-voix et à une forme de détresse soigneusement camouflée.
Mais en même temps, il est mensonger de prétendre que l’Église ne se mobilise que sur certains sujets, qui relèveraient exclusivement de ce qu’on appelle la morale privée. Elle est sur tous les fronts, lorsqu’il s’agit de porter secours aux pauvres et aux souffrants. Cette mobilisation n’est pas spectaculaire, car elle est de tous les jours, et elle couvre le monde entier de ses réseaux de solidarité. Par ailleurs, l’intervention des sept évêques français répond à une attaque directe de Marisol Touraine contre Mgr Aillet, évêque de Bayonne. L’évêque tiendrait « des propos insupportables, inacceptables et irresponsables ». Autant dire qu’on veut le réduire au silence, l’interdire de parole ! Madame Touraine entend condamner une violence verbale qui blesse ses oreilles. Mais hélas, c’est la réalité, c’est la chose même qui est violente.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er février 2016.
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