La nouvelle promotion de cardinaux que le Pape vient de désigner pour un prochain consistoire suscite, d’évidence, une grande curiosité. En pleine période réformatrice pour l’Église catholique, sa composition est scrutée pour mieux percevoir les intentions profondes de François. De ce point de vue, l’analyse est significative. Il est certain qu’on assiste à une toujours plus grande internationalisation du collège cardinalice, qui correspond à la réalité démographique qui pèse en faveur de l’Afrique et de l’Asie. Voilà déjà longtemps, que, pour notre part, nous insistons sur ces données irrécusables. Dans les dernières années du pontificat de Jean-Paul II, nous mettions en garde contre une vision trop eurocentrique de l’Église, qui faisait fi de sa nature universelle, celle qui correspondait de plus en plus à sa définition catholique.
François prolonge ainsi une évolution commencée sous ses prédécesseurs, mais qui atteint désormais un seuil critique. Avec la promotion des derniers cardinaux, des chrétientés, qui n’avaient jamais été distinguées pour accéder au sénat de l’Église, se trouvent intégrées dans un processus qui modifie profondément les équilibres de la structure centrale. Si l’on observe parallèlement le tarissement de la source italienne, qui jusqu’alors établissait la prépondérance de la péninsule dans l’appareil central, on en déduit que la « révolution » conduite par le pape argentin entre dans un étape décisive. La Curie sera fortement affectée par ce bouleversement. Il est encore difficile d’établir les contours du projet qui la concerne. La critique acérée d’une institution ancienne ne signifie pas nécessairement sa disparition. La preuve en est la promotion de notre compatriote Mgr Dominique Mamberti, dont le parcours de grand commis de l’Église est significatif des services éminents que continuera à rendre une institution dont on oublie, en ce moment, un peu vite, les qualités.
Il n’empêche que c’est vers de nouveaux horizons et de nouvelles manières d’être que se dirige l’Église, sous la conduite d’un pasteur qui tient fermement sa route. Le peuple chrétien se retrouvera d’autant plus en accord avec le cours du pontificat qu’il y reconnaîtra le charisme de Pierre, son souci de toutes les Églises et la fermeté de sa doctrine selon la tradition la plus ancienne. Car, comme le disait saint Irénée au second siècle, « c’est avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, que doivent nécessairement s’accorder toutes les Églises, c’est-à-dire, les fidèles de partout, elle en qui toujours, au bénéfice des gens de partout, a été conservée la tradition qui vient des apôtres ».
Pour aller plus loin :
- Pape, cardinaux et évêques
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ