Bien qu’il soit établi que Vincent Lambert, 42 ans, en état pauci-relationnel depuis un accident de la route, ne soit ni malade, ni en fin de vie, le CHU de Reims a décidé de mettre fin mardi à son « traitement » : en l’occurrence à son alimentation et aux manipulations qu’exigent son immobilité.
L’information a été communiquée par courriel par le docteur Vincent Sanchez, chef du service des soins palliatifs au CHU de Reims. L’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation devrait conduire à une accumulation de potassium dans le sang, générée par une insuffisance rénale, entraînant in fine un arrêt cardiaque. La sédation profonde est supposée épargner les souffrances physiques à Vincent Lambert.
Cette interruption a été rendue possible par la décision de la Cour de Cassation, rendue vendredi, annulant un arrêt de la cour d’appel de Paris qui demandait la suspension de l’arrêt des traitements. Les avocats de Viviane Lambert – la mère de Vincent – avait alors fait savoir que cette décision ne remettait pas en cause les mesures suspensives réclamées par le comité des droits des personnes handicapées de l’ONU qui souhaitait mener un examen approfondi du dossier.
Soutien gouvernemental implicite ?
Cet élément n’a donc pas été pris en compte par le CHU de Reims, avec l’assentiment explicite du ministère de la Santé, puisqu’Agnès Buzyn avait rappelé sur le plateau de BFMTV que cette requête de l’ONU n’avait aucune valeur contraignante. C’est également le ministère de la Santé qui s’était pourvu en cassation après la décision de la cour d’appel de Paris, signe de son implication dans le dossier et de sa position favorable à l’arrêt des soins.
« C’est une affaire qui dure depuis extrêmement longtemps, a déclaré sur Franceinfo Gérard Chemla, l’avocat de François Lambert, le neveu de Vincent, favorable à l’interruption des soins. Il est temps de passer à autre chose, c’est-à-dire à la sérénité et à l’apaisement ». La mère de Vincent Lambert, pour sa part, a lancé lundi un « appel au secours » à l’ONU.
Me Jérôme Triomphe et Jean Paillot, les avocats des parents, frère et sœur de Vincent Lambert ont fait savoir mardi après-midi dans un communiqué qu’ils avaient informé le Comité des droits des personnes handicapées de la décision du docteur Sanchez. Le CDPH aurait réagi en répétant auprès de l’Etat français sa demande de maintien de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert à titre conservatoire.
La mère du Français Vincent Lambert, en état végétatif depuis 2008, réclame l'aide de l'ONU, affirmant que l'on veut "assassiner" son fils, alors que la Cour de cassation a ouvert la voie à un nouvel arrêt de son maintien en vie #AFP pic.twitter.com/gUIOlpBbOQ
— Agence France-Presse (@afpfr) 1 juillet 2019