Dans l’évangile, Jésus ne pleure que deux fois : devant la ville de Jérusalem « parce qu’elle n’as pas reconnu le temps où elle fut visitée ! » et devant la tombe de son ami Lazare. Il pleure sur le péché des autres, ceux de la ville de Jérusalem, enfermée dans son orgueil, ceux du monde entier qui sont à l’origine de la mort dans le monde. Quelle différence avec nous qui avons tant de mal à reconnaître nos fautes ! On raconte que le curé d’Ars pleurait en écoutant une pénitente. Elle s’en étonnait et eu droit à cette réplique : « Je pleure, Madame, de ce que vous ne pleurez pas .» Sans imiter les Chrétiens russes qui versent des torrents de larmes sur leurs péchés, au point que la théologie spirituelle parle du don des larmes, nous devrions prendre un peu mieux conscience de la terrible laideur de nos péchés, ceux qui ont fait pleurer le Christ.
Mais, direz-vous, le baptisé est un pécheur pardonné. La vie nouvelle du Christ, annoncée par la résurrection de Lazare est à l’œuvre en lui. Certes, et saint Paul encourage ses correspondants de Corinthe à vivre : « en nouveauté de vie », mais lui-même reconnaît que la victoire est loin d’être acquise. Devant la tombe de Lazare, nous devons nous aussi croire que la résurrection du Christ est victoire sur le péché. Mais, pour parodier une formule célèbre : le démon a perdu la guerre, mais il continue à nous livrer bataille. Nous devons nous demander comment livrer cette bataille.
Le conseil viendra de la réaction de Thomas : « Allons et mourrons avec lui .» « Pour ressusciter, il faut mourir » chantions-nous quand nous étions étudiants. Le baptême est cette lutte perpétuelle pour faire mourir en nous ce qui n’est pas digne de l’amour de Dieu. Est-il besoin d’en donner la liste ? Oubli de Dieu, manque d’action de grâce ou simplement de prière, sans parler de l’égoïsme, de l’orgueil, etc…. « Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d’une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui nous assiège, et courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus. » (Hébreux 12,1-2) Par la force du Christ, c’est-à-dire par la grâce de son Esprit, nous pouvons faire grandir ce qui nous unit à lui. C’est le sens de ces efforts de carême qu’il ne faut surtout pas abandonner au milieu de la course sous prétexte qu’on y arrive pas. Ils n’ont pas d’autre but que de nous faire ressentir notre besoin immense de la force du Christ.
Père de VORGES
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le Curé d'Ars et Jean de Fabrègues
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- OBSERVATION : SCIENCE ET MIRACLE
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918