Voilà plus d’une décennie que la pays de Felix Houphouet-Boigny se trouve déchiré par l’affrontement des ambitions personnelles et surtout des divisions ethniques, celles qui ont imposé un partage entre le nord et le sud. C’est dire la tâche éprouvante du président Ouattara qui se doit d’arrêter la logique des règlements de comptes, des vengeances immédiates, de la violence, des confiscations et des injustices de toute nature, mais aussi de rétablir une unité brisée depuis longtemps.
Le discours qu’il a prononcé aussitôt après l’arrestation de son adversaire était digne d’un homme d’État ne désirant que la pacification des cœurs. En annonçant la constitution d’une commission vérité et réconciliation, le président a incontestablement choisi la meilleure des solutions. Celle qui fut inventée par l’Afrique du Sud après la fin de l’apartheid et au moment de l’accession de Nelson Mandela au pouvoir. Il s’agissait de veiller à panser les plaies plutôt que d’attiser l’amertume des uns et des autres, des victimes d’hier et des vaincus du moment. C’était une entreprise audacieuse dont la charge fut assumée autant qu’il l’a pu par l’évêque anglican Mgr Desmond Tutu. Faut-il rappeler qu’il s’agissait de substituer à une éventuelle entreprise d’épuration une amnistie quasi générale des crimes en échange d’une confession publique des criminels.
L’ambition d’une pareille réconciliation est presque démesurée et a connu quelques échecs bien sûr, mais elle fait honneur à ses initiateurs. On ne sait si la Côte d’Ivoire aura l’énergie et l’audace de l’Afrique du Sud de Mandela. Saura-t-elle trouver son Desmond Tutu ? On le lui souhaite de tout cœur, car c’est bien la tâche qui s’impose au plus vite dans ce pays qui ne doit travailler qu’à sa reconstruction.
Chronique lue à Radio Notre-Dame le 13 avril 2011
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