Venise va mourir ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Venise va mourir ?

Venise inondée, c’est une hantise depuis longtemps déjà. Les dégâts causés ces derniers jours ne sont pas encore vraiment évalués. Les mesures prises pour la sauvegarde de la ville apparaissent insuffisantes, et les craintes que l’on ressent sont en proportion de l’extraordinaire prestige de Venise.
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Basilique Saint-Marc

Basilique Saint-Marc

© Anne & Saturnino Miranda / Pixabay

Qui n’a pas eu le cœur serré d’apprendre qu’à nouveau Venise était submergée par une crue qui la mettait gravement en péril ? Savoir la basilique et la place Saint-Marc submergées par les eaux, c’est une souffrance, c’est même plus que cela. « Venise va mourir un jour/ Venise va mourir/ Je ne peux imaginer/ Sans un soupir/ Qu’un jour Venise au fond de l’eau/ Verra passer tous les bateaux/ Comme une épave de lumière/ Un roman sous la mer. » Les paroles de la célèbre chanson sont revenues sur les lèvres de beaucoup d’entre-nous, ces jours-ci, parce que comme l’ont encore écrit ses paroliers : « Venise m’appartient/ Tous ses palais, tous ses jardins/ Ses cathédrales et ses clochers. » Même lorsqu’on n’a pas eu la chance de l’admirer de ses yeux, de parcourir ses canaux et d’arpenter ses rues, la ville réside en nous comme un mythe et comme un objet de rêve infini.

Je ne me risquerai pas à analyser le mythe littéraire, il est bien trop complexe et même contradictoire. Il a d’ailleurs évolué à travers les siècles, et notamment au XIXe et XXe siècles, après que la Sérénissime ait perdu son statut politique original, où l’on se plaisait à reconnaître le mixte accompli entre les régimes monarchique, aristocratique et républicain. Venise a perdu sa farouche indépendance. Est-elle désormais vouée à la mélancolie attachée à une certaine décrépitude ? Mélancolie où Barrès se complaisait. Est-elle ce prodigieux ilot de beauté, cette lumière éclatante sur l’Adriatique, qui continuera à attirer tous les amoureux du monde ? Alain Juppé a pu parler de la Tentation de Venise, comme celle de dire adieu à la politique pour gagner un ailleurs plus désirable.

Il est un autre aspect de la cité lacustre, qui est religieux. Ses nombreuses et superbes églises pourvues des tableaux des plus grands maîtres renvoient à une identité profondément catholique. Venise a toujours son patriarche, ce qui indique un privilège rare dans l’Église romaine. Trois de nos papes du XXe siècle passèrent directement de la basilique Saint-Marc à la basilique Saint-Pierre : Pie X, Jean XXIII et Jean-Paul Ier. Non, Venise blessée ne devrait jamais mourir.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 novembre 2019.