Valentina-Tchernobyl fait partie des spectacles exceptionnels. Coralie Emilion-Languille incarne avec une vérité époustouflante le personnage (hélas bien réel) de Valentina Timofevna. Le propos de la pièce rejoint chacun d’entre nous : il s’agit de l’accompagnement d’un grand malade par celle qui l’aime et l’aimera encore au-delà de la mort. Sauf que le mari malade est un « tchernobylien » dont les symptômes sont aussi inconnus qu’incurables et que le corps médical lui-même refuse de s’en occuper par peur de la contamination.
Le rythme de la diction, les intonations, les gestes, les regards, tout cela est d’une crédibilité extraordinaire. La comédienne habite son personnage avec une intensité rarement vue. Et le contexte d’amour conjugal est le vecteur qui permet d’entendre le reste, de l’assimiler, de le retenir, de prendre conscience d’une réalité peu dite. Certes, ils ne savaient pas, certes ils n’avaient pas le choix, mais une chose est sûre : s’ils n’avaient pas été là, nous ne serions aujourd’hui sans doute pas là non plus pour discuter de la cause de l’augmentation des cas de cancer de la thyroïde.
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Valentina-Tchernobyl, née pour l’amour, d’après La Supplication de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015. Mise en scène : Laure Roussel. Avec Coralie Emilion-Languille. Jusqu’au 14 mai à 19 h à la Manufacture des Abbesses, 7, rue Véron, 75018 Paris, tél. : 01 42 33 42 03. Puis en tournée en province.