L’Église Catholique est soit monolithique, soit trop diversifiée, selon l’opinion de vos interlocuteurs. Bien des gens qui s’en prennent à l’Église à cause des derniers échos sur les affaires d’abus sexuels soutiennent que la hiérarchie est trop masculine, trop âgée, a trop de pouvoirs, et doit accepter une forme de gestion diversifiée, plus jeune, et décentralisée afin de surmonter cette crise. Pour d’autres, on remarque une faiblesse fatale de l’Église — divisée en clans — due à la diversité tolérée entre divers camps opposés, trop nombreux et s’excluant mutuellement avec leurs vues et idéologies incompatibles en son sein.
Bien sûr, tous détiennent une part de vérité. Mais l’enseignement de Saint Jean-Paul II — tel que publié récemment par L’Église : Mystère, Sacrément, Communauté — Récapitulatif d’audiences papales entre 1980 et 1984 — est un utile rappel qu’une des plus grandes forces du Catholicisme consiste à grouper unité et diversité.
Lors d’une audience papale le 24 Juillet 1991, intitulée « Le Christ et l’Église sont inséparables », J.P.II explique savamment, et réfute, les plus répandus arguments tendant à justifier l’abandon de l’Église catholique. C’est un argument bienvenu face à l’abandon fréquent du catholicisme. Il nous rappelle tout d’abord que « l’Église est en quelque sorte la suite du mystère de l’Incarnation », citant l’enseignement de Saint Paul pour qui l’Église est « le Corps du Christ », rappelant l’analogie aux sarments de la vigne. Cette identification intime du Christ à Son Église déroute ceux qui se disent partisans du Christ mais hostiles à l’Église.
Et encore un argument : J.P. II ajoute que le péché se trouve chez ceux qui, tels des pharisiens, choisissent la négation et le rejet alors qu’une plus grande confiance en la mission de l’Église serait précisément la voie vers la rédemption.
De plus, par l’abandon de l’Église dans ses immenses soucis, un individu cherche par lâcheté à échapper aux devoirs héroïques demandés par le Christ. Nous sommes appelés à souffrir avec l’Église et à œuvrer pour son bien, certes pas à nous sauver quand tout va mal. Par cet effort nous participons en fait au rôle de médiation du Christ entre Dieu et les hommes.. En définitive, ceux qui cherchent l’autonomie par le rejet de l’Église aboutissent à « la dépendance à l’opinion d’autrui, à des contraintes idéologiques et politiques, à des obligations sociales, à leurs propres penchants et passions. » Bref, choisir l’Église ou rien du tout.
En dehors de son incontournable identification avec le Christ, retenons l’aspect universel de l’Église : St. Paul nous rappelle : « il ne s’agit ni de Juifs, ni de Grecs, vous êtes tous UN dans le Christ Jésus. » Le Christ appelle tous les hommes, de toutes nations, langues, cultures. Cet appel universel lancé par J.P.II « ouverture au monde entier » situe l’Église hors de toute organisation, de toute institution de par le monde.
En fait, contrairement aux tendances de globalisation prônées par les élites technocratiques qui nous proposent un monde réduit à leur vue étroite de la personne humaine, l’unité de l’Église respecte et élève toutes formes de tradition culturelle. Au paradis, selon l’Apocalypse, nous aurons une identité commune, issus de toutes tribus, parlant tous langages de tous peuples et de toutes nations.
En liaison avec cette vue de diversité se trouve la notion d’unité telle que décrite par St. Paul dans son analogie du Peuple de Dieu avec « le Corps du Christ « . Dans ce corps, tout comme dans uns corps humain, se trouvent nombre de composants agissant ensemble, chacun selon son rôle. Le nombre des membres et la variété de leurs fonctions ne portent nul préjudice à leur unité, tout comme la variété de leurs rôles n’entame nullement l’unité de l’ensemble ni ne porte préjudice à la diversité des membres et de leurs rôles.
Comment l’Église catholique peut-elle échapper à une polarisation qui, d’une part, pousse à une structure monolithique et, d’autre part accueille largement la diversité susceptible de déclencher des conflits ?
Selon St. Jean-Paul II le Christ est « principe et source de cohésion », abritant et bâtissant Son Église par l’opération de l’Esprit Saint. L’appel du Christ pour que les fidèles pratiquent un inébranlable amour réciproque est un appui essentiel : « comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »
Aimant le Christ, il nous est impossible de refuser l’amour pour Son corps, l’Église. De même, la prière soumet les membres de l’Église, unissant les voix divergentes en une offrande commune à Dieu. La prière est présente dans tous les sacrements, mais atteint un sommet dans l’Eucharistie, la plus grande prière, sommet de l’adoration Catholique, à laquelle chacun est appelé.
Cependant, comme le note J.P. II, l’Église est une société structurée, et tous ses sacrements sont donnés par des dépositaires de l’autorité du Christ, selon l’héritage de la succession apostolique. Le Nouveau Testament nous dit que le Christ a fondé l’Église sous forme à la fois hiérarchique et ministérielle. De plus, les évêques, éléments les plus importants de la hiérarchie, sont la marque de l’unité de l’Église, unis au Christ par l’empreinte de leur consécration sacramentelle, tout comme de sa diversité par la multitude des peuples et des langues répandus de par le monde.
Ainsi, à l’occasion d’une seule audience papale de St. Jean-Paul II nous découvrons qu’unité et diversité sont intrinsèquement liées dans l’identité du Catholicisme et que ces deux vertus sont particulièrement manifestes en l’Eucharistie et dans l’Épiscopat.
Quel que soit l’avenir de notre Église, souvenons-nous de la nature essentielle de ces deux vertus suprêmes du Catholicisme afin d’en préserver l’unique identité.
14 juillet 2019
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/07/14/of-unity-and-diversity-in-the-church/
Les douze Apôtres – Fresque par Enrico Reffo, 1914 (Église San Dalmazzo, – Turin.)
Pour aller plus loin :
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