Ce soir, toute la France – ou tout au moins une grande partie d’elle-même – sera mobilisée devant le petit écran pour voir et entendre le président de la République. Incontestablement, un grand moment. Là-dessus, tous les politologues semblent d’accord. Le sort ultime du quinquennat est en jeu, avec la réponse qu’Emmanuel Macron apportera aux attentes d’un pays divisé. Après des mois d’une contestation intense, avec des accès de violence, on retient sa respiration. La veille même, on était bien en peine d’anticiper sur le discours de ce soir. L’intéressé lui-même avait-il décidé de tous ses choix ? Les plus proches en doutaient.
Ce qui est sûr, c’est qu’un raté serait une catastrophe. Si l’on ne sent pas une détermination ferme, une perspective programmatique, et même un tournant, le président non seulement ne sera pas parvenu à désarmer la formidable opposition qui s’est dressée contre lui, il démobilisera son propre camp, la frange qui lui est restée fidèle. Les élections européennes peuvent être perdues, alors que le pouvoir attend aussi cette échéance pour rebondir. Je serais assez d’accord avec Jean-Pierre Denis qui, dans son éditorial de La Vie insiste sur la nécessité de recoller une France en morceaux. Les solutions techniques pour indispensables qu’elles soient, ne suffiront pas. Est-il possible de réconcilier les différentes îles de l’archipel français ? Y a-t-il « un commun » sur lequel il est possible de refonder une unité ?
Que cette échéance se déroule en pleine semaine sainte ne nous est pas indifférent à nous chrétiens. D’autant que la question de notre unité ecclésiale se pose également. Les désaccords qui sont nés en ces dernières semaines, ont en effet, été attisés par la publication d’un texte très important du pape émérite Benoît XVI sur les origines de la crise dans l’Église. Il a remis le feu aux poudres. Je ne puis en quelques mots résumer un document aussi dense, qui, personnellement, m’a passionné. J’admets, par ailleurs, qu’il ne saurait répondre de façon exhaustive à toutes les questions posées. Mais il paraît difficile de le rejeter unilatéralement, et même violemment, comme c’est le cas. Peut-on espérer que la Semaine sainte et la célébration joyeuse de Pâques produiront une trêve ? Une trêve, non pas pour éluder un éclaircissement nécessaire, mais pour créer un autre climat. Celui qui permet de répondre aux interrogations décisives dans le grand dénouement du drame du Salut.