Une vraie détestation envers Jean-Paul II - France Catholique
Edit Template
Pâques. La foi des convertis
Edit Template

Une vraie détestation envers Jean-Paul II

Copier le lien

Le soleil se lève à l’Est, et se couche à l’Ouest. Le chant des oiselets s’élève dans l’air limpide. Et les Catholiques dissidents détestent cordialement le Pape Jean-Paul II.

L’agence Associated Press, citant Jean-Paul II comme une personnalité universellement vénérée, vient d’annoncer que Benoît XVI pourrait prochainement proclamer la béatification de son prédécesseur. En écho totalement différent, la réaction de John Allen publiée la semaine dernière par le National Catholic Reporter.

Aussitôt publiée, la nouvelle a fait crépiter la messagerie du National Catholic Reporter avec des commentaires virulents. Un premier commentaire: « D’évidence la corruption se trouve aux plus hauts niveaux. La honte ». Puis : « Jean Paul 2 (sic), prenant la tête de l’Église Catholique Romaine a permis aux violeurs de poursuivre leurs assauts contre leurs victimes ». Troisième commentaire: « comment dit-on « SANS BLAGUE » en latin ? Qu’y a-t-il de crédible dans les institutions catholiques? ».

Un autre grand défenseur de l’église de paix, amour et justice sociale ajoute: « Voulez-vous un VRAI (sic) miracle? Je vais vous le dire: Que M. Ratzinger tombe raide mort dès demain, et qu’on puisse désigner le pantin suivant ».

John Allen ne partage pas ces vues. Et les opinions émises sur un blog ne représentent pas nécessairement le contenu éditorial d’un site internet. Bien sûr, on trouve des âneries parmi les commentaires. Mais ce genre de commentaires est fréquent chez le National Catholic Reporter et se trouve en symbiose avec nombre d’intervenants sur le site de cette revue, on dirait un édito d’Eugene Kennedy. (NDT: prêtre défroqué devenu « bouffeur de curés », commentateur célèbre sur certains médias aux États-Unis).

Commonweal (NDT: Association dont le titre peut se traduire par « Le bien public ») — un peu plus de sens des responsabilités, un peu plus de respectabilité, et certainement plus d’hypocrisie que chez nombre de publications dissidentes — s’est jointe à la mouvance Allen sur son blog. Le débat au sujet de Jean-Paul II a duré cinq jours. Les commentaires n’étaient pas aussi saignants que ceux publiés par le National Catholic Reporter. Les contributions au Commonweal se présentent comme une critique plus sensée, d’autant plus insidieuse qu’elle sape la confiance en l’Église et Son enseignement. Il n’y a, semble-t-il, aucune personnalité de l’Église — sauf, peut-être des nonnes dissidentes — aucun enseignement de l’Église — sauf peut-être la transubstantiation — qui trouve grâce à leurs yeux.

Les premiers intervenants se rejoignaient sur la question: « Rome n’a-t-elle pas honte? ». «Nombre de catholiques (sic) de gauche verront encore une tendance à glorifier les « hiérarques » (sic), particulièrement les papes qui tirent l’Église vers une « plus grande pureté » (sic)». «Gémissons, réfutons. Rome souhaite-t-elle accélérer la désertification des églises?» « Les notions de crédibilité et d’intégrité ont-elles encore un sens au Vatican?»

Les correspondants de www.commonweal ne critiquent pas tous Jean-Paul II. On peut lire sa louange pour « une danse liturgique avec des indigènes Africains ». Les intégristes acharnés expriment aussi des commentaires étranges. On peut lire sur www.commonweal que « le masque mortuaire de Jean-Paul II exprimait qu’enfin il avait réalisé combien l’œuvre de sa vie était dans l’erreur.»

On peut se demander pourquoi tant de hargne, d’amertume, et, parfois de délire. Ils prétendront que leurs récriminations sont légitimes. Ils s’interrogent sur la précipitation à proclamer la béatification. Six ans, c’est bref. Plutôt que faire confiance à l’Église, ce dont ils se gardent bien, ils y voient un gage politique donné aux conservateurs. Et on a l’impression qu’ils veulent gagner du temps pour ternir sa réputation, à la recherche de rumeurs « de style Pie XII » susceptibles de l’abattre.
Certains semblent lui reprocher d’avoir assumé la charge suprême à l’époque où les scandales d’abus sexuel montaient dans l’opinion, le soupçonnant d’avoir pour le moins fermé les yeux. D’autres lui reprochent d’avoir accordé son amitié en négligeant les soupçons portés sur le fondateur, maintenant couvert d’opprobre, de la Légion du Christ.
Trouve-t-on là le moindre manquement à ses vertus héroïques? Des gens comme Cathy Kaveny, de Notre-Dame et de www.commonweal citeront sans doute tel ou tel chapitre théologique ou tel ou tel verset — qui interpellent — susceptibles de suggérer — peut-être, vraisemblablement, possiblement, pourrait-on spéculer — un manque de vertus héroïques chez Jean-Paul II. Mais, plus simplement, ils seraient trop heureux de savoir qu’il n’est pas au Paradis.

Leur véritable hargne, dont ils ne se cachent pas, réside dans son projet de mettre convenablement en œuvre Vatican II, c’est-à-dire de suivre le Concile à la lettre en maîtrisant « l’esprit Vatican II » qui plaisait tant aux dissidents et a jeté tant de trouble dans l’Église au cours des dernières décennies. Ils sont particulièrement gênés par la nouvelle génération d’évêques nommés par Jean-Paul II, et qui suivent maintenant le droit fil.
Le pays s’interroge sur le côté parfois querelleur du discours politique, mais il est très décevant d’assister au même phénomène dans la blogosphère catholique. Je ne suis pas à l’abri de la tentation. Il m’est arrivé d’intervenir agressivement sur divers blogs catholiques de gauche, y-compris www.commonweal, d’où j’ai été chassé sans trop comprendre pourquoi.

À mon avis, leur colère révèle la débandade de leurs espoirs et de leurs rêves. Comment expliquer autrement leur agitation à propos de la prétendue approbation du préservatif pour les prostitués homosexuels, et autres tentatives pour reprendre pied? Le projet progressiste est-il tombé si bas? Eh bien, oui, la lecture des commentaires sur le National Catholic Reporter ou sur www.commonweal révèlera, aussi bizarre que celà puisse paraître, la bonne santé de la tradition.

— –

Source de cet article : http://www.thecatholicthing.org