Ceux qui virent Carles Puigdemont emprunter le chemin de la Belgique avec ses conseillers au lendemain du référendum du 1 er octobre passé ont quasi oublié l’histoire passée de la Catalogne extra muros avec la Belgique.
Comme Francesc Macia réfugié politique à Bruxelles de 1926 à 1930 avant de revenir en Catalogne comme Président de la Généralitat en 1931 comme l’un des fondateurs du parti ERC -gauche républicaine catalane- vainqueur des élections autonomiques de l’époque.
Mais l’histoire commence bien avant par le Coup d’état de Primo de Rivera en septembre 1923 que Macia et ses hommes de main voulaient contenir et empêcher d’occcuper la Catalogne.
Sous le titre de Complot de Prats de Mollo ces hommes militaires pour la plupart, envisagèrent d’envahir avec des recrues la Catalogne, et de lever une insurrection contre Primo de Rivera et ses réseaux, en empruntant le chemin depuis la Catalogne côté français avec des armes et des volontaires recrutés pour beaucoup sur le sol national.
Le projet prévoyait d’incendier toutes les garnisons de l’armée espagnole placées sous le commandement des hommes de Primo de Rivera.
La gendarmerie française découvrant le complot captura Francesc Macia et quelques proches pour les transférer à Paris, les juger de deux mois de prison et les soumettre à l’amende.
Les avocats de Francesc Macia obtiendront l’exil politique pour le détenu et ses proches qui étant expulsés rejoignirent Bruxelles en Belgique, accompagnés de leur avocat Henri Torrès et d’un autre citoyen espagnol Jaume Mir, un ancien militaire qui s’était distingué sur le front de la guerre de 1914 disposait d’une aura internationale mais nourrissant des sentiments patriotiques catalans.
La démission de Primo de Rivera en janvier 1930 change la donne de ces Catalans de l’exil.
Macia fondera avec Campanys autre militant de la cause autonomiste l’ERC pour se présenter aux élections d’avril 1931, et le 14 avril de la même année Macia vainqueur de la consultation élective proclame la République Catalane, la seconde république en Espagne le même jour que la première…
Elle fut de courte durée avec l’arrivée de Franco. Campanys connaitra à son tour la mort.
L’histoire belge des exilés catalans rappelle encore celle du pédagogue et universitaire Francesc Ferrer i Guardia, un anarchiste qui voulut attenter à la vie d’Alphonse XIII.
Revenu en espagne il fut jugé et fusillé à son retour.
Autre Catalan du réseau de Macia, Ventura Gassol qui fonde à Bruxelles la Maison des Catalans de Bruxelles parmi nombre de ces centres culturels et sociaux que l’on trouve en Europe et en Amérique du sud, en Angleterre également, havres et refuges d’anciens activistes ayant demandé l’asile politique hors de la Catalogne au fil du temps.
Il est rapporté ainsi que la maison des Catalans de Bruxelles a 87 ans et dispose d’un centre culturel et d’accueil bénéficiant des avantages que la Belgique a pu assurer aux Catalans en demande d’asile. Et ce centre n’a point été fermé par les autorités espagnoles à ce jour.
Autre Catalan reconnu Fréderic Escafet fut Préfet de la police des Mossos de Escuadra de Catalogne avant de prendre à son tour le chemin de l’exil en direction de Bruxelles au moment de la guerre civile espagnole.
Joseph Cerver diplomate et poète fera de même empruntant l’exil par la Belgique, le Mexique et la Belgique à nouveau jusqu’à sa mort dans ce pays.
Ainsi va la vie d’hier qui continue aujourd’hui avec la suite des événements autour de Carles Puigdemont sur les pas de l’histoire de l’exil de ces acteurs.
Une admiration et un culte porté à ces patriotes du passé nourrit leur passion et l’engagement de ces Catalans qui s’inscrit dans une récurrence quasi centenaire !