Une agitation violente d’une gravité sans précédent a été lancée par des groupes de militants séparatistes prorusses dans les villes de l’Est de l’Ukraine, Donetsk, Kharkov et Louhansk.
Hier à Donetsk, capitale du bassin houiller du Don soviétisé par Staline, quelques dizaines de manifestants, occupant le bâtiment de l’administration locale depuis dimanche, ont proclamé la formation d’une « république souveraine » et ont souhaité l’organisation d’un référendum d’ici le 11 mai prochain, dans le but d’enlever cette région à l’Ukraine. En outre, ils ont annoncé qu’ils demanderaient à la Russie voisine d’envoyer sur place un « contingent de maintien de la paix » si les autorités ukrainiennes cherchaient à les déloger…
A Kharkov, deuxième ville industrielle du pays, le gouvernement ukrainien a dû arrêter ce matin 70 manifestants qui avaient lancé des cocktails Molotov contre les bureaux de l’administration. Après cette opération de maintien de l’ordre, le gouvernement russe de Vladimir Poutine a effectué froidement une mise en garde à Kiev contre un risque de « guerre civile » en cas de nouvelle intervention contre les manifestants favorables à Moscou.
Le président ukrainien par interim Oleksandr Tourtchinov a accusé Moscou de recommencer le « scénario de Crimée » et de lancer une « seconde phase de démantèlement de l’Ukraine ».
Et le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a déclaré hier qu’ « un plan anti-ukrainien a été déclenché, au cours duquel des troupes étrangères vont franchir les frontières de l’Ukraine et s’emparer de son territoire ». A Kiev, on s’inquiète d’une possible coordination entre les manifestants prorusses des villes de l’Est et l’armée russe, dont environ 40.000 soldats sont stationnés de l’autre côté de la frontière, d’après l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
Devant la gravité de la situation, le gouvernement allemand s’est dit « très inquiet », et des diplomates en poste auprès de l’OSCE ont invité Moscou à prendre des mesures de « désescalade ». Le gouvernement de M. Poutine a répondu qu’il fallait cesser de l’accuser d’être responsable de la crise en Ukraine…