Une unité surnaturelle - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Une unité surnaturelle

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Oui, il peut arriver dans l’histoire que l’Église de Dieu soit dans une profonde affliction (« Ecclesia Dei adflicta ») et même dans l’humiliation. Notamment lorsque les fautes des siens lui donnent conscience d’être infidèle à la vocation qui est la sienne. Est-il encore possible de proclamer que cette Église est sainte ?

Mais il ne faut surtout pas penser qu’une telle interrogation s’impose aujourd’hui seulement. Elle s’est toujours posée, et l’on en retrouve notamment la trace dans le livre de l’Apocalypse, riche d’informations sur ce que pouvaient être les premières communautés chrétiennes. Ainsi à l’Église d’Éphèse, il est reproché d’avoir perdu sa ferveur première : « J’ai contre toi que tu as perdu ton amour d’antan. Allons ! Rappelle-toi d’où tu es tombée, repends-toi, reprends ta conduite première » (Ap. 2, 4-5). Et l’auteur d’apporter une précision qui ne trompe pas quant à la gravité de la chute, puisqu’il est question des « agissements des nicolaïtes », cette secte déviante en matière de foi, de culte et de morale, jusqu’à prôner la prostitution.

Orgueil et illusion

À toutes les époques, les chrétiens ont eu à assumer ce paradoxe d’une infidélité scandaleuse alors qu’ils se réclament de Celui qui affirmait, sans pouvoir être démenti : « Lequel d’entre vous me convaincra de péché ? » La tentation est grande alors de prendre ses distances avec l’institution infidèle pour ne se réclamer que du seul Christ. Mais c’est pur orgueil, inspiré par l’illusion que l’on pourrait se priver de la médiation dont nous avons tout reçu et dont seuls les enseignements nous mettent en mesure de connaître toute la profondeur et la richesse de la Révélation apportée par le Christ.

À l’heure où certains se félicitent d’une Église en voie d’éclatement et remettent en cause sa structure hiérarchique, au risque de la diviser en autant de sectes, promises à leur tour à de nouvelles dissidences, il importe de méditer le mystère d’une Église une, sainte, catholique et apostolique.

Le mystère de l’Église

Il est pour le moins curieux que se réclament de Vatican II des publicistes semblant oublier que l’enseignement de ce concile s’ordonne tout entier autour de la constitution Lumen gentium, dont l’objet est précisément le mystère de l’Église. À ce propos, le Père Louis Bouyer pouvait noter dans son Dictionnaire théologique : « Les schismes et les hérésies de la fin du Moyen Âge amèneront à un développement particulier de la doctrine de l’Église sous son aspect hiérarchique et autoritaire. Mais depuis le XIXe siècle, le besoin s’est fait sentir de compléter ce développement lui-même par un approfondissement de la doctrine du corps mystique, en tant qu’elle affirme la participation active de tous les membres à la vie du Chef et qu’elle remet en lumière le fait que l’unité extérieure est seulement à la fois la manifestation et la sauvegarde de l’unité surnaturelle, don de l’Esprit dans le Christ. »

C’est bien pourquoi dans le moment d’épreuve que nous vivons, il convient de revenir à la doctrine ecclésiologique la plus authentique. C’est à cette tâche que notre journal s’emploie dès cette semaine et continuera les semaines suivantes, pour mieux saisir à quel point seule l’Église nous révèle le Christ comme « lumière des nations ».