Une terre sans enfants - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Une terre sans enfants

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Un titre attire mon attention dans Le Monde d’hier : la population japonaise va chuter d’un tiers entre 2010 et 2060. C’est quand même impressionnant. En 2060, explique notre confrère, le Japon ne comptera plus que 86,74 millions d’habitants contre 128,06 millions recensés en 2010. Le passage sous la barre symbolique des 100 millions devrait se produire en 2048. On apprend encore que le nombre des enfants de 0 à 14 ans sera divisé par deux dans le même laps de temps. J’ai eu l’occasion de rappeler sur cette antenne les prévisions de Pierre Chaunu qui criait dans le désert il y a 40 ans. A ce moment là, on s’affolait de l’expansion démographique mondiale, sans voir qu’elle affectait très inégalement les continents et surtout qu’on pouvait déjà anticiper des facteurs de ralentissement. Ceux qui sont aujourd’hui avérés dans les régions dont la fécondité battait hier tous les records.

Le Japon nous renvoie à l’Allemagne qui connaîtra le même type de régression démographique. Le rapprochement est d’autant plus frappant qu’il s’agit des deux puissances économiques qui avaient manifesté le plus grand essor après guerre, alors qu’il s’agissait de deux nations vaincues. Leur avenir économique se trouve aujourd’hui sévèrement compromis par leur vieillissement accéléré. Que l’on ne croie surtout pas qu’il s’agit de deux cas isolés. En Europe, d’autres pays sont sur la même voie. Cela ne semble pas affecter une partie de l’opinion, notamment celle qui se réclame de la primauté de l’écologie. Les premières réactions des lecteurs du Monde vont jusqu’à afficher une vraie satisfaction. Les Japonais seraient sur la bonne tendance. L’un de ces lecteurs va jusqu’à écrire : « les arbres ne croissent pas jusqu’au ciel ! » Il aurait donc fallu un contrôle drastique des naissances. Heureusement le Japon a rempli l’objectif.

Cela me rappelle un souvenir vécu, alors que j’accompagnais une joyeuse troupe d’enfants au bord d’un étang perdu dans la nature. Surgit un personnage démesurément barbu et chevelu qui s’indigna de cette présence enfantine qui troublait le calme de la campagne et mettait en péril l’équilibre de l’écosystème ! Les malheureux parents étaient coupables de cette impossible progéniture. J’aime beaucoup la nature, mais j’aime aussi que les enfants puissent s’y ébattre joyeusement. Et je pense, avec obstination, qu’une terre sans enfants serait une triste terre.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 31 janvier 2012.