Nous nous sommes quittés, chers amis, il y a deux mois, pour les vacances. Voici déjà la rentrée, et rien, absolument rien ne s’est arrangé depuis lors. Notre gouvernement a connu une grave crise qui a conduit à sa dissolution et à sa reconstitution, amputé de trois ministres rebelles. Hier, le Premier ministre a du affronter les lazzis des socialistes frondeurs à La Rochelle, dans un climat de division du Parti socialiste et de la gauche entière. Pendant le même temps en Ukraine, le conflit fait plus que jamais rage et les solutions de paix consensuelles et durables semblent de plus en plus vaines. Pour Vladimir Poutine, la partition de l’Est du pays est désormais la seule perspective acceptable, et les Occidentaux, impuissants, ne peuvent ni ne veulent s’engager dans un conflit armé, tout en prenant des mesures de représailles économiques, qui provoquent la réplique russe, dans un climat qui n’est pas exactement celui de la Guerre froide mais finit par s’en rapprocher.
Et que dire de l’Afrique, où les conflits sanglants continuent, où Boko Haram peut perpétrer ses exactions sans être vraiment contré ? Nous autres Français sommes toujours bien seuls avec nos alliés africains sur les théâtres d’opération. L’Europe dans son ensemble s’est retranchée dans son espace de paix intérieur, qui justifie les désengagements extérieurs. Et j’en arrive à la catastrophe irakienne, dont nous suivons chaque jour les développements. On sait que les choses sont si graves, en particulier pour nos frères chrétiens, que le Saint-Siège a été contraint de modifier sa ligne traditionnelle diplomatique. Toujours à la recherche de solutions de paix et donc de suspension des armes, il en est aujourd’hui à justifier une action militaire pour stopper l’agression. Le Pape lui-même l’a dit à la presse dans l’avion, au retour de sa visite en Corée : « Dans les cas où il y a une agression injuste, je peux seulement dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. » Cette déclaration est significative d’un véritable basculement, non pas du point de vue de la doctrine, mais du point de vue de l’opportunité avérée de la riposte. Voilà, décidément, une rentrée qui s’inscrit sous le signe de la gravité ainsi que de la mobilisations spirituelle. Quand l’optimisme raisonnable nous est refusé, il ne nous reste que la lucidité et l’intercession du Ciel !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er septembre 2014.