L’intervention d’hier du président de la République, en faveur des quartiers prioritaires de la politique de la ville, était attendue. Elle a été très écoutée et déjà commentée largement en raison de son intérêt capital. On s’interrogeait pour savoir si le Président allait réellement se distinguer du rapport Borloo, ainsi que c’était annoncé. Mais ce n’était pas vraiment la question. D’ailleurs, Jean-Louis Borloo lui-même estime que la quasi totalité de ses propositions ont été reprises par Emmanuel Macron. La question, c’était la volonté d’appréhender autrement l’avenir des quartiers difficiles : « Je ne vais pas annoncer un plan ville ni un plan banlieue, parce que cette stratégie est aussi âgée que moi. » Et d’évoquer Raymond Barre qui fut le premier à formuler un plan de cette sorte. Il s’agit donc de changer de philosophie et de méthode.
S’engageant sur des actions précises, des choses mesurables et identifiables, le Président a proposé un certain nombre de mesures concrètes, notamment d’ordre économique. Il entend ainsi mobiliser les grandes entreprises pour qu’elles embauchent largement dans cette population massivement au chômage. Voulant lutter contre le fléau de la discrimination à l’embauche, il a annoncé que lesdites entreprises seraient soumises à des tests anonymes pour vérifier s’il y avait effectivement des fautes dans ce domaine. Est-ce une bonne façon de procéder ? Il y a des précédents qui ne sont pas forcément rassurants, mais il y a des situations qui exigent une politique coercitive.
S’en tenir à des mesures négatives serait contraire à la philosophie développée, car c’est bien plutôt une société de confiance qui favorise la dynamique du développement. C’est Alain Peyrefitte qui avait insisté sur cette notion qu’il associait aux principes du libéralisme économique1. Si l’on veut que les quartiers perdus de la République réintègrent réellement la communauté nationale, il faudra bien sûr de la rigueur et lutter contre certains trafics, en priorité celui de la drogue, mais il faudra aussi enclencher une logique différente, d’intégration, qui suppose la confiance de tous, des populations en cause et de tous les acteurs possibles d’une nouvelle dynamique.