Nos confrères de La Vie publient une fort intéressante enquête sur la situation de l’Église catholique en France, à partir d’une étude statistique sur l’évolution du nombre des baptisés et quelques autres tendances comme celle des mariages religieux. Les perspectives ne sont pas très optimistes. Aujourd’hui, trois quarts des Français sont baptisés, ils pourraient être la moitié dans une génération. Ce qui signifie, selon Philippe Chriqui, le responsable de l’étude, que l’Église devrait perdre entre huit et dix millions de fidèles, au moment où la population française s’accroîtra de plus de sept millions d’habitants. Contrairement à une crainte tenace, cette perte ne se ferait pas au profit des musulmans qui représenteraient quelque 10% des Français. Le grand remplacement dont Renaud Camus s’est fait le prophète alarmiste, n’est donc pas une opinion fondée. La vraie question est celle de la vitalité de la foi en France et de la mobilisation apostolique qu’elle suppose.
Personnellement, je ne suis pas très convaincu par l’accusation lancée contre les communautés paroissiales qui resteraient fermées sur elle-mêmes, au lieu d’aller à la rencontre des « lontani », de ceux qui sont loin, selon une expression ancienne, ou encore de ceux qui ont abandonné la pratique. Je constate souvent que c’est la vitalité d’une paroisse ou d’une communauté qui suscite la contagion et la multiplication des initiatives de terrain. Certes, il m’arrive de regretter que nous n’ayons pas toujours l’audace des protestants évangéliques. Ceux qui, par exemple, distribuaient des tracts pour Pâques sur le marché de ma commune, ce que nous n’avons jamais imaginé faire de notre côté. Mais ce n’est sûrement pas à délaisser les structures paroissiales et toutes les énergies qu’elles mobilisent qu’on fera rayonner le message. Pour une raison élémentaire. Si nous voulons des missionnaires, ils ne viendront pas de nulle part. Ils seront formés à l’intérieur des communautés de foi.
Je pense au cas précis des aumôneries étudiantes, dont j’observe ici ou là la renaissance, qui fondent leur dynamisme et leur expansion sur une vie liturgique intense, qui détermine une série d’engagements de toutes sortes, avec des cellules de formation spirituelle et théologique. C’est la loi de la croissance évangélique qui veut que tout parte de ce qui a été semé et a pu croître sur le terrain le mieux disposé. Et je suis persuadé que la France pourrait encore nous surprendre pour de nouvelles germinations.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 avril 2015.