Une révolution sur le mariage - à Rome ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Une révolution sur le mariage – à Rome ?

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Samedi, Il Foglio, le plus important journal conservateur d’Italie, a publié le texte complet d’un long discours d’ouverture prononcé au Vatican par le cardinal Walter Kasper devant le Consistoire sur la Famille, une réunion préparatoire au Synode Extraordinaire sur la Famille qui se déroulera du 5 au 19 octobre à Rome. Le texte n’est toujours disponible qu’en italien (bien que plusieurs des passages les plus significatifs aient été traduits en anglais). Mais cela ne durera guère parce que le bon cardinal, comme il le dit lui-même, a « posé des questions », des questions extrêmement controversées, à propos du traitement pastoral des divorcés-remariés catholiques, et plus particulièrement de leur réadmission ou non à la communion.

La conférence n’était pas destinée à rester secrète – de fait, elle sera publiée sous forme de livre, probablement avec d’autres documents. Mais apparaissant soudainement comme elle l’a fait, et avec des suggestions apparemment révolutionnaires tirées de pratiques antiques, elle est sûre de devenir un dossier brûlant dans les mois à venir. Des commentateurs ont déjà déclaré que si l’Eglise n’autorisait pas maintenant les divorcés remariés à recevoir la communion, nous aurions une nouvelle période de colère et incompréhension généralisées, semblable à celle qui avait suivi la publication de l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI en 1968, laquelle réaffirmait l’enseignement de l’Eglise sur la contraception.

Cela met plusieurs charrues devant les boeufs. Le texte de Kasper est timide et circonspect – bien qu’il semble orienter dans une direction révolutionnaire. Il affirme l’interdiction du divorce par Jésus tout en recherchant comment agir avec ce qui est devenu un problème moderne difficile.

A peu près tous les catholiques connaissent actuellement quelqu’un vivant dans une situation matrimoniale irrégulière. Le divorce est devenu monnaie courante, même parmi les catholiques pratiquants et – étant données la folie sexuelle, les pressions économiques et culturelles de nos sociétés modernes – ce n’est pas toujours la faute de l’un des conjoints. C’est une raison pour laquelle plusieurs papes – Jean-Paul II, Benoît XVI et maintenant François – ont suggéré d’explorer des solutions pastorales. Le porte-parole du Vatican, le père Frédérico Lombardi a dit que la pensée de Kasper était en accord avec celle du pape.

Cela dit, pourtant, le discours donne l’impression, du moins en apparence, d’essayer de faire quelque chose d’auto-contradictoire. Kasper parle du besoin d’un « changement de paradigme » par lequel l’Eglise deviendrait un Bon Samaritain pour ceux qui crient au secours. Mais dans le même passage, il affirme l’indissolubilité du mariage  » qui ne peut être abandonnée ou supprimée dans l’émotion superficielle d’une miséricorde au rabais. »

Il assimile notre situation à celle de Vatican II, quand des principes dogmatiques semblaient interdire certaines actions. Poutant le Concile a « ouvert des portes ». Malgré la sonnette d’alarme que cette comparaison peut déclencher chez certains, il offre timidement deux « ouvertures » possibles.

La première est ce qui pourrait être considéré comme une rationalisation et une personnalisation de l’annulation. Au lieu de la gérer au cours d’un procès canonique officiel « l’évêque pourrait déléguer cette tâche à un prêtre ayant une expérience spirituelle et pastorale, comme un vicaire épiscopal. Il connaitrait probablement mieux la personne et la situation et cela éviterait la maladresse d’un processus plus impersonnel. » Des spécialistes du droit canon ont déjà demandé comment cela fonctionnerait en pratique, mais au moins en théorie, ce n’est rien d’autre qu’un ajustement de la procédure existante, étant entendu qu’un mariage peut être jugé nul dans certaines conditions.

La seconde « ouverture », la plus révolutionnaire, offrirait, après une période de pénitence, « non un second mariage, mais une autorisation à communier ».

Ici, la controverse s’assombrit et demande des clarifications approfondies. Roberto de Mattei, un historien qui a écrit pour The Catholic Thing, a répondu dans Il Foglio le même jour où a paru le texte de Kasper, que le cardinal ne pouvait pas annuler l’histoire et la doctrine « par une révolution flagrante dans la culture et les pratiques ».

Il est difficile de dire si c’est ce que proposait Kasper – bien que Mattei soit un esprit affuté et qu’il semble avoir flairé quelque chose. Le cardinal ajoute à juste titre que le repentir d’une certaine situation devrait conduire à la confession. Jusqu’ici c’est parfait. Mais ensuite il liste cinq conditions et ajoute comme point culminant le retour à la communion pour la personne concernée :

1. si elle se repent de l’échec de son premier mariage,

2. si elle a clarifié les obligations du premier mariage et qu’il est impossible pour elle de revenir en arrière,

3. si elle ne peut sans causer de tort abandonner les responsabilités prises lors du nouveau mariage civil,

4. si toutefois elle fait de son mieux pour vivre les possibilités de son second mariage sur la base de la foi et si elle élève ses enfants dans la foi,

5. si elle désire les sacrements comme source de force dans sa situation,
pouvons-nous ou devons-nous lui refuser après une période de temps de mise à l’épreuve, une « metanoia », le sacrement de la Réconciliation et ensuite la Communion ?

Le cardinal Kasper déclare que cela ne serait jamais une solution de masse, mais qu’elle serait seulement appliquée à quelques-uns dans de mauvaises situations qui désirent réellement les sacrements. Et il appuie sa timide proposition, qu’il faudrait appliquer avec précaution, sur des exemples tirés de l’histoire de l’Eglise primitive – les orthodoxes permettent toujours le divorce et le remariage. Certains érudits nient qu’il y ait eu de tels cas dans l’Eglise primitive, avant que les moeurs ne se relâchent dans l’empire byzantin des siècles plus tard.

J’ai interrogé un prêtre de confiance à propos de toute cette controverse. Il a une perspective pastorale différente :

Comme prêtre de paroisse, je plains beaucoup les braves gens qui sont ou étaient engagés dans de mauvais mariages. Il y a des gens héroïques et même des saints parmi eux – même parmi ceux qui ont contracté un second mariage -civil. J’aimerai vraiment trouver un moyen de les aider à recevoir l’Eucharistie et à régulariser leur situation, mais je ne vois pas la « solution » de Kasper comme pouvant fonctionner. Je sais comment l’Eglise primitive traitait les remariages, et qu’il y avait une période de pénitence, et que même le second mariage avait un caractère pénitentiel, mais quelqu’un envisage-t-il rellement que nous mettions à exécution ces pratiques pénitentielles ? Quelqu’un peut-il imaginer qu’elles soient acceptées ? Moi pas. Et avec tout le respect, ce serait une autre balle tirée contre un sacrement déjà vacillant sous l’assaut de la culture moderne.

Restons que le qui-vive. Nous en entendrons davantage sur ce sujet dans un avenir très proche.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/a-revolution-on-marriage-in-rome.html


Robert Royal est rédacteur en chef de The Catholic Thing et président de l’institut Foi & Raison de Washington.

Photo du cardinal Kasper.