Je n’y avais pas pensé, mais c’est une interprétation possible de la une provocatrice de Charlie Hebdo. Si Dieu est brocardé, caricaturé, voire même accusé, c’est que sa présence est avérée. Elle serait même massive aujourd’hui, bien au-delà de la puissance universelle de l’islam. C’est Benoît Hopquin qui l’affirme dans Le Monde d’hier soir : « Aujourd’hui, comme en 1905, la libre pensée doit se revendiquer haut et fort, jusqu’à l’outrance. Si l’athéisme se clame, se réclame, c’est bien qu’il ne va plus de soi. Il est redevenu défi. Il est combat. L’hebdomadaire a payé le prix fort, subi le martyre de la chair pour cela. » L’interprétation est intéressante, même si elle ne convainc pas complètement.
Le discours dominant de la sociologie religieuse est toujours celui de la sécularisation de nos sociétés occidentales. Emmanuel Todd parle de « catholiques zombies » à propos de la Bretagne, région qui fut massivement pratiquante. Par ailleurs, l’ignorance religieuse s’accroit de génération en génération. Cela va dans le sens d’un discours laïciste qui voudrait que les convictions religieuses soient mises en quelque sorte sous le tapis et n’encombrent en aucun cas la scène publique. En contraste, on peut alléguer un retour sauvage du religieux, mais justement ce devrait être en faveur de sa dévalorisation et de sa condamnation au motif de facteur de fanatisme et de terrorisme.
Reste que quelques statistiques font état du retour à l’islam des jeunes générations dans les quartiers. Est-ce cela qui motive vraiment la hargne du dernier numéro de Charlie Hebdo ? Mais alors pourquoi s’en prendre au Dieu judéo-chrétien ? N’est-ce pas un signe d’immaturité ou même de confusion intellectuelle ? Il est vrai que l’hebdomadaire « bête et méchant » n’est pas le lieu rêvé pour un véritable discernement philosophique et théologique. Un discernement qui manque aussi à une large part de l’intelligentsia. C’est Jean Birnbaum, responsable des pages littéraires du Monde, qui dans son dernier essai1, fait le procès de la gauche pour son ignorance de la dimension religieuse. Voilà qui, au moins, promet une belle controverse, espérons qu’elle sera éclairée par de bonnes questions.
