Vivant, comme nous vivons, dans une société qui est de plus en plus dominée par une vision du monde humaniste et séculière, il n’est pas facile pour les catholiques de s’en tenir à leur vision catholique du monde. C’est que le catholicisme est une religion qui abonde en révélations divines tandis que le sécularisme maintient qu’une telle chose n’existe pas.
Pour les catholiques il y a, pour commencer, les grandes révélations – transmises par la voix des prophètes, de la Bible et de l’Eglise. Et celles-ci sont suivies d’une multitude de révélations moins importantes.
Ces révélations moins importantes sont normalement faites à des individus, habituellement en réponse à une prière, pour leur offrir une aide, des conseils dans les moments de trouble ou de désarroi,: « Devrais-je épouser cette femme ? » « Devrais-je divorcer de mon mari ? » « Devrais-je accepter ce travail et déménager ?» Devrais-je devenir religieuse ? « Devrais-je abandonner mes études universitaires ? » « Devrais-je vendre ma maison » ? « Devrais-je subir une chimiothérapie ? » Devrais-je interrompre l’assistance respiratoire de ma mère qui est dans le coma? » « Devrais-je voter pour Donald Trump ? » « Devrais-je dénoncer à la police mon petit-fils qui est un criminel? »
Ces questions et un million d’autres sont posées à Dieu chaque jour par des croyants. Et Dieu répond – beaucoup de ceux qui posent ces questions le croient en tout cas. Sans doute beaucoup des « réponses » reçues ne viennent pas vraiment de Dieu, elles viennent plutôt des espoirs ou des peurs ou des souhaits de la personne qui demande. Mais le fait qu’il y ait des gens soient victimes de leur imagination ne signifie pas que ce soit le cas de tout le monde.
Si Dieu existe, et s’il s’occupe de son peuple, il est tout à fait crédible que Dieu donne à des membres de ce peuple une aide, des conseils dans les moments de crise. Il serait bien étrange que Dieu ne donnât jamais à ses amis l’aide qu’ils demandent.
Les catholiques aussi croient qu’il y a des moments, parfois très brefs, d’autres fois d’une plus longue durée, où un croyant peut « avoir le sentiment », de la présence de Dieu. Bien sûr, ces sentiments sont souvent trompeurs. Mais il n’y a pas de raison de croire qu’ils le sont toujours. C’est justement le contraire. Il y a toute raison de croire, si Dieu est omniprésent (comme le christianisme croit qu’Il l’est), et s’Il se préoccupe de son peuple, et particulièrement de ceux de son peuple qui ont besoin de Lui, que de temps en temps Il veuille leur rendre Sa présence sensible.
De plus, si Dieu autrefois a fait une visite importante à l’humanité dans la personne de Jésus Christ, pourquoi ne rendrait- Il pas des millions de visites moins importantes à son people ? N’est-Il pas la sorte de Dieu qui rend visite ?
Les plus impressionnantes de ces visites personnelles sont celles dont les mystiques assurent avoir fait l’expérience, c’est-à-dire dans une union intime avec Dieu. Dans l’histoire du christianisme le mysticisme a été une histoire relativement courante. Elle a été rare dans le protestantisme (bien qu’on puisse rappeler le cas des premiers Quakers), mais absolument pas rares dans les formes catholiques et orthodoxes du christianisme.
De plus le mysticisme n’est pas confiné dans le christianisme. On a pu le trouver dans l’hindouisme, dans le bouddhisme et dans l’Islam. On a même pu le trouver dans le monde païen. Pensons par exemple à Socrate et à ses transes de plusieurs heures que décrit Alcibiade dans le Banquet de Platon.
Les catholiques croient que Dieu se révèle souvent à ceux qui étudient soigneusement la nature. Il se révèle comme une source de beauté aux personnes qui ont une grande sensibilité à la beauté de la nature : aux peintres, par exemple ou aux poètes (Voir Wordsworth dans Tintern Abbey) Ou Il se révèle comme un mathématicien créatif à des savants qui s’étonnent devant l’ordre mathématique de la nature (par ex., Galilée, Newton, Einstein).
Dans beaucoup de religions on rapporte que des croyants ont des visions des dieux. Dans le catholicisme, bien sûr, les croyants ne peuvent pas, strictement parlant, avoir des visions de Dieu puisque Dieu dans Son Moi propre est invisible. Mais ils ont eu (ou disent avoir eu) des visions de Jésus et des saints, particulièrement Marie, la mère de Jésus.
Ils ont compris que ces visions ont été envoyées par Dieu, et ils ont regardé les messages qui accompagnent ces visions comme des messages de Dieu. Aucun doute que beaucoup de ces apparentes visions ne soient pas plus que des hallucinations, produites non par Dieu mais par un trouble de l’esprit du visionnaire. Mais, si Dieu existe, quelles raisons avons-nous de croire qu’Il n’envoie jamais de visions ?
Parfois ces visions ont été plus ou moins publiques. Par exemple, on dit que la Vierge Marie est apparue à Lourdes, à La Salette et à Fatima (beaucoup de gens pensent qu’elle est apparue à Medjugorie. Mais les autorités de l’Église qui ont ratifié les apparitions de Lourdes, La Salette et Fatima, tendent à mettre en doute celles de Medjugorie).
Avant que l’Église ne canonise un défunt, elle demande que deux miracles réels (c’est-à-dire des faits merveilleux qui ne peuvent raisonnablement pas être attribués à des causes naturelles ou dues à l’homme et doivent donc être attribués à une cause surnaturelle) soient mis au crédit du saint en question.
Habituellement ce sont des miracles d’ordre médical, des guérisons véritablement surprenantes d’une maladie incurable. Beaucoup de prières ont été adressées au saint pour la personne qui est dans la détresse. Quand le miracle survient, on le met au crédit du saint qui, on le suppose, a demandé à Dieu d’accomplir ce miracle (le saint lui-même, selon l’enseignement catholique, ne peut produire un miracle, seul Dieu le peut).
Ces miracles permettent de tirer un certain nombre de conclusions évidentes : a) que le ciel est une réalité; b) que le saint est au ciel; c) que la prière de demande, à la fois celle des hommes et celle des saints, est efficace ; d) que Dieu accomplit des miracles, et e) qu’un Dieu tout-puissant existe.
Si vous êtes athée ou semi-athée, vous pensez que tout cela est terriblement dur à croire. Mais si vous croyez en Dieu, pourquoi ne voudriez-vous pas croire également que, par des voies nombreuses et merveilleuses, Il est constamment en contact avec Son peuple ?
Vendredi 27 décembre 2019
David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Community College de Rhode Island, et l’auteur de The Decline and fall of Catholic Church in America « Le Déclin et la Chute de l’Église catholique en Amérique »].
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/12/27/a-religion-abounding-in-revelations/
Tableau : Saints Pierre et Jean se rendant au Temple, par Nicolas Poussin, 1665 [The Met, New York City].
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI