Une parole épiscopale - France Catholique
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Une parole épiscopale

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Jusqu’à l’élection présidentielle de 2017, notre pays est engagé dans une joute politique intense, dont il est difficile de déterminer par avance ce qui peut résulter. Le problème n’est pas tellement de savoir qui accèdera à la responsabilité suprême. Il y aura bien sûr un élu, et un seul, en charge du sort général de la nation. Mais cet élu, quel qu’il soit, ne pourra vraiment agir qu’en fonction de l’équation complexe qui se sera dessinée tout au long des mois de la campagne électorale, singulièrement à travers les primaires de la droite et de la gauche et compte tenu des marges importantes soustraites à ces primaires. Marine Le Pen représente un potentiel de suffrages au moins égal à celui de la droite et Jean-Luc Mélenchon est actuellement en condition de battre le président de la République sortant. Si l’on ajoute encore à cela que la droite et la gauche institutionnelles sont elles-mêmes profondément divisées, force est d’admettre que notre carte politique est totalement reconfigurée et que le nouveau président sera confronté aux causes profondes de cet ébranlement.

Que l’épiscopat français veuille faire entendre sa voix dans une telle conjoncture ne saurait nous surprendre. En raison de sa responsabilité particulière, il ne pouvait procéder qu’en s’inscrivant résolument hors de la mêlée et en développant une analyse de la situation du pays, supérieure aux intérêts des différentes familles politiques et aux critères idéologiques. En proposant de retrouver « le sens du politique », il définit bien cet espace privilégié qui permet de mieux reconnaître « la recherche du bien commun et de l’intérêt général qui doit trouver son fondement dans un véritable débat sur des valeurs et des orientations partagées ». Il est vrai qu’en se situant à un niveau supérieur, il ne peut qu’esquisser les grandes directions sans apporter les solutions concrètes qui conviendraient. On devra toutefois reconnaître que des leçons de sagesse ressortent d’un tel point de vue. Ainsi quand le texte épiscopal recommande de rechercher un débouché au débat sur l’identité nationale : « Plus que d’armure, c’est de charpente que nos contemporains ont besoin pour vivre dans le monde d’aujourd’hui. » La charpente, c’est ce qui permet à la construction de tenir de l’intérieur. C’est aussi ce qui relève de la cohérence intellectuelle d’une communauté qui se prend en charge, dans la continuité de sa mémoire et la projection de ses ambitions. À la France divisée d’aujourd’hui il convient d’offrir des perspectives de reconstruction de soi-même, en ne craignant pas d’affronter les difficultés avec la liberté que confère (singulièrement pour les chrétiens) « le courage de l’Esprit même ».