Une nouvelle cathosphère - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Une nouvelle cathosphère

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La presse, ces derniers mois, a tenté de rendre compte d’un nouveau phénomène dont l’origine serait le réveil catholique dû à La Manif pour tous. À juste titre, on remarque que tout ne se résout pas à des manifestations géantes. Des initiatives en chaîne ne cessent d’alimenter la création de réseaux. Ainsi un article du Monde, la semaine dernière, inégalement inspiré, mettait l’accent sur « une nébuleuse de think tanks et autres plateformes, à l’image du Courant pour une écologie humaine, de Phœnix, l’Avant-Garde, Fonder demain et des Alternatives catholiques ». Ce foisonnement n’existerait pas sans une vraie liberté de l’esprit et sans ce qu’on appelait en 68 l’imagination au pouvoir.

C’est que nous avons changé d’époque et que les catholiques, nullement indifférents aux sollicitations de leur temps, réfléchissent à la façon de s’inscrire dans l’histoire pour servir leurs contemporains. Les sociologues et les historiens interrogés sur le sens de ce mouvement en cours marquent bien les mutations du catholicisme contemporain, sans toujours aller jusqu’au bout de leurs investigations. Ainsi les raisons du déclin et de la disparition rapide d’un certain catholicisme dit progressiste sont superficiellement analysées. Ce qui empêche de comprendre le rôle refondateur d’un Jean-Marie Lustiger, devenu archevêque de Paris, après le long apprentissage de ses années à l’aumônerie étudiante du centre Richelieu.

Jean-Luc Marion (Brève apologie pour un moment catholique, Grasset), qui fut un des proches du Cardinal, est particulièrement apte à faire comprendre le sens d’un engagement qui ne s’épuise pas dans l’ambiguïté d’une certaine ouverture au monde, dont pourtant l’évangéliste saint Jean avait par avance signalé les périls. « Faut-il, déclare le philosophe à Nicolas Weill, pour compter dans le débat politique se “laïciser” ? Je pense, moi, qu’on peut le discuter et que, plus on est fidèle à sa tradition, sachant où l’on est et où sont les autres, plus on peut contribuer au bien commun » (Le Monde, 9 juin). Telle est bien la différence significative qui pourrait éclairer l’action multiple de la « cathosphère ». Il pourrait moins s’agir d’une conquête de l’opinion et des pouvoirs selon la stratégie d’Antonio Gramsci, que d’un approfondissement des exigences évangéliques, sans négliger l’intelligibilité particulière que donne des événements l’étude de l’Écriture. Cette différence ne bride pas toute ambition raisonnable et ne saurait tarir les talents d’une jeunesse ardente. Elle modifie de l’intérieur, selon le mode de la kénose christique, toute ambition et tout talent, pour un plus grand et généreux service.