Une liturgie amazonienne ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Une liturgie amazonienne ?

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J’évoquais hier la question du célibat sacerdotal à propos du synode de l’Amazonie, parce qu’elle provoquait des discussions au-delà du synode lui-même. Il arrive que des éditorialistes s’en mêlent avec des avis catégoriques dont on se demande de quelle autorité ils émanent. En quoi une publication qui ne se réclame nullement du christianisme, de sa doctrine, de sa mystique, est-elle en droit d’intervenir dans une discussion qui ne relève pas de l’ordre temporel ? Mais il n’y a pas que la nature du sacerdoce qui soit en cause. Il est aussi beaucoup question du respect des cultures indigènes et même de la création d’une liturgie qui se rapporterait à la culture amazonienne. Là encore, on peut se montrer surpris de l’assurance de certains qui tranchent catégoriquement sur des problèmes extrêmement ardus et qui exigent une connaissance minimale du patrimoine théologique.

Une question ancienne

La relation du christianisme avec les cultures anciennes et leurs prolongements n’est pas une découverte récente, même si elle s’est posée dans des termes inédits au récent synode. On la trouve développée chez les Pères de l’Église, avec des raffinements qui nous surprennent. Car les Pères ont utilisé une pensée symbolique puisée dans l’antiquité païenne. Un grand théologien contemporain comme le père Louis Bouyer s’est profondément intéressé à cette thématique, qui avait été explorée aussi par son collègue allemand Hugo Rahner.

Purification et intégration

Donc, en un certains sens, les Pères du synode sur l’Amazonie n’ont nullement innové par rapport à la grande Tradition de l’Église. La polémique qui a suivi la mise en valeur de certains éléments de sacralité locale a souffert d’un manque de discernement. Car s’il est vrai que les missionnaires au XIXe siècle, par exemple, ont souvent été impitoyables dans l’éradication des symboles païens par souci d’évacuer toute idolâtrie, la théologie contemporaine a tenté, avec des bonheurs divers, d’intégrer les aspects les plus significatifs de la richesse anthropologique des différentes aires de civilisation. Le Père de Lubac écrivait que pour inventorier son propre trésor « toutes les races, tous les siècles, tous les foyers de culture ont à fournir leur part ». Cela ne va pas sans purification certes, mais non plus sans effort supérieur d’intégration.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 octobre 2019.