Le président de la République veut « plus d’actes et moins de paroles », à l’égard de l’islam radical. La pression de l’opinion publique y est pour quelque chose, l’assassinat de Samuel Paty ayant marqué une étape. On ne comprendrait pas que le pouvoir tergiverse, alors que la menace est patente et présente sur de larges portions du territoire. Qui aurait pu prévoir que la paisible commune de Conflans-Sainte-Honorine aurait été le lieu d’un drame aussi épouvantable ? Le pouvoir est contraint de revoir ses logiciels et notamment celui de la laïcité. C’est une thématique que j’ai souvent abordée ici-même, mais la perspective historique que je prenais s’est trouvée démentie par l’évolution d’une société qui n’est plus celle du début du XXe siècle.
Sans doute y avait-il alors une situation conflictuelle qu’une loi de combat aurait pu aggraver. Mais précisément, par la volonté de quelques uns, le législateur a préféré l’apaisement, en définissant les termes d’un compromis que l’Église catholique a fini par avaliser. Nous n’en sommes plus là, car non seulement la situation est redevenue conflictuelle, mais c’est plus que cela. On doit parler de situation de guerre liée à une conjoncture du choc des civilisations. Oui, cette expression si controversée de Samuel Huntington s’impose désormais, et il faut en tirer toutes les conclusions.
Il est donc question de congédier les dirigeants de l’Observatoire de la laïcité, cet organisme de conseil, qui sous la direction de Jean-Louis Bianco, avait établi une ligne de conduite plutôt libérale, soucieuse de faire participer les musulmans au consensus de conciliation de 1905. Mais ce n’est plus d’actualité, et il s’agit de réorienter désormais l’action publique contre cet islamisme dur, en fournissant en armes notamment l’institution scolaire aux prises avec une tâche impossible. Mais ainsi, c’est toute la société et tout un pays qui se trouvent sommés d’entrer dans la cuirasse de la combativité.
Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 22 octobre 2020.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte
- 3101-Sarkozy, l'Eglise, la laïcité
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau