Une jeunesse prête à la révolte ? - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Une jeunesse prête à la révolte ?

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Une enquête sur la jeunesse qui a pour assise 210 000 réponses à un questionnaire sur sa situation et son état d’esprit ne saurait être dédaignée. L’initiative a été prise par France télévision à l’automne 2013 et Le Monde en donnait dans son édition d’hier, datée d’aujourd’hui, un premier bilan significatif.

Comment s’étonner que cette génération se définisse comme « sacrifiée ou perdue », eu égard à la crise qui gâche d’ores et déjà son présent et assombrit son futur ? Certes ces termes ne sont pas inédits, ils ont été utilisés à diverses reprises dans le passé. La génération qui a subi l’épreuve de la Première guerre mondiale s’est trouvée réellement sacrifiée de la façon la plus cruelle. On ne peut pas dire tout à fait la même chose de la génération de la Seconde guerre mondiale, car le formidable mouvement d’essor économique, que l’on désigne à l’enseigne des Trente Glorieuses, a donné une tonalité optimiste à l’après-guerre.

La difficulté avec les jeunes d’aujourd’hui, c’est qu’ils se sentent piégés dans un univers qui n’a plus les ressources de dynamisme économique et de changement social des années cinquante et soixante du XXe siècle. Pourtant l’enquête les décrit comme disposés à participer à un mouvement de révolte du style de Mai 1968. Mais le climat a radicalement changé. Soixante-huit était en grande partie le résultat des Trente Glorieuses et tout un lyrisme idéologique faisait rêver à un autre monde. Les idéologies d’hier ont été déchues. Les interlocuteurs politiques, sociaux, économiques, ne sont plus du tout les mêmes. Comment s’opposer à des interlocuteurs lointains : la finance, la mondialisation, l’Europe ? Il n’y a plus l’équivalent du général de Gaulle comme bouc-émissaire à désigner. Et nul ne peut encore imaginer l’improbable visage de la révolte dont on nous dit qu’une étincelle pourrait la faire surgir.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 26 février 2014.