Il est un terme qu’affectionnent certains médias, plutôt de sensibilité de gauche ou progressiste, c’est celui d’icône. Ce terme qui appartient au vocabulaire religieux s’est trouvé transposé sur le terrain politico-idéologique. Une icône, aujourd’hui, c’est une personnalité incontestable, un modèle, une référence qu’il serait malvenu de contester. Le plus souvent, il est attribué à une figure féministe, qui a joué un rôle dans l’évolution de la condition de la femme. Ainsi, le maire socialiste de Rouen envisage-t-il de remplacer la statue de l’empereur Napoléon Ier par une œuvre d’art dédiée à Gisèle Halimi, définie « comme figure de la lutte pour le droit des femmes ». Le type de l’icône actuelle. De même, Ruth Bader Ginsburg, la doyenne de la Cour suprême des États-Unis qui vient de mourir, a été immédiatement célébrée comme une icône en raison de son action en faveur des causes progressistes. Et une vaste campagne d’opinion s’est déclenchée pour magnifier sa mémoire en signifiant qu’il serait intolérable que son héritage fût désavoué.
Donald Trump, en nommant immédiatement à la place de l’icône une femme catholique réputée conservatrice, s’est attiré un tir nourri de protestations. Il est vrai qu’il y a des enjeux politiques à une telle nomination et que le camp démocrate redoute d’avoir en face une Cour suprême d’une orientation contraire. La tentation est grande de s’en prendre à la personnalité de la nouvelle promue Amy Coney Barrett, pour la déconsidérer. C’est pourtant difficile, car il s’agit d’une juriste particulièrement brillante, à la carrière remarquable pour ses 48 ans. Elle est, par ailleurs, mère de famille avec sept enfants dont un handicapé et deux adoptés d’origine haïtienne.
Pour lui trouver une faille, on est allé chercher du côté de son appartenance à un mouvement charismatique, qui serait de tendance paternaliste. Ce qui est assez drôle car il est pour le moins paradoxal d’accuser Mme Coney Barrett de ne pas assumer la cause des femmes. N’est-elle pas, aussi, à sa façon, une icône ? Une icône catholique, il est vrai, ce qui n’est pas très correct.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 septembre 2020.