L’itinéraire est désormais fixé. Les cortèges doivent se retrouver sur l’axe la Défense-l’Arc de Triomphe, ce qui maintient le symbolisme voulu par les organisateurs. Il reste trois jours de mobilisation.
—
Dans un drame de Pirandello, membres d’une famille vivant une tragédie qui menace leur avenir, « six personnages en quête d’auteur » débarquent sur la scène d’un théâtre et demandent que les comédiens leur prêtent les lieux pour leur permettre de régler ce vrai problème. Ces jours-ci en France, on trouve d’innombrables citoyens en quête de respect de l’identité humaine : ils veulent défendre l’avenir de l’enfance et de la famille. Beaucoup avaient prévu d’arriver sur les Champs-Elysées, au cœur de Paris, pour manifester cette préoccupation vitale. Mais voilà ! Les comédiens qui occupent la scène du pouvoir politique refusent de les laisser défiler sur cette avenue. Et jusqu’à plus ample informé, ils ne leur donnent toujours aucun accord sur l’endroit où ils pourront aller, dans quatre jours, alors qu’ils marchaient à plus d’un million, le 13 janvier, vers le Champ-de-Mars. L’Etat ressemble à s’y méprendre au « Château » de Kafka, où nul ne peut accéder, hormis de rares privilégiés qui éconduisent le peuple, jusqu’à nier son existence. Quel mépris !
Denis LENSEL
