J’avais déjà abordé le sujet et me voilà contraint d’y revenir. En effet la couverture absolument inadmissible de l’hebdomadaire Minute consacrée à Christiane Taubira prolonge le soupçon d’une vague raciste sur la France. Je continue à contester cette interprétation, mais je suis amené à m’interroger sur les motifs qui ont bien pu déterminer la rédaction d’un journal à pareille provocation. C’est odieux, c’est dégoûtant, c’est abject. Aucune indulgence n’est permise. À l’égard de ce pseudo humour où l’éditorialiste du Monde discerne « l’expression d’un racisme pur et dur, biologique, racialisé et assorti de références animalières ». Il n’y a aucune excuse, mais on ne peut que s’interroger sur l’étrange pathologie qui conduit des journalistes à se discréditer et à discréditer complètement les causes qu’ils entendent défendre.
J’avais déjà réagi, ici même, il y a quelques mois, contre des attaques, qui n’utilisaient d’ailleurs pas ce registre sémantique, à l’encontre du garde des Sceaux. Je pensais, dès le début du quinquennat de François Hollande, qu’il était dangereux de cibler une personne dont on faisait le bouc-émissaire de tout un gouvernement. Il faut faire très attention : la polémique contre les personnes, quand elle prend certaines proportions, peut faire très mal et substituer à la légitime critique des pulsions de violence et de haine qu’il faut bannir. Et c’est encore plus vrai lorsqu’on se bat pour une cause aussi fondamentale que celle du mariage. Est criminelle toute polémique qui, au lieu d’exposer les données les plus profondes d’un tel dossier transforme tout en pugilat, où la raison se perd, où l’argumentation se dissout.
Cela dit il y a d’autres indignations possibles. Mais certains sujets ne provoquent pas l’indignation de la bien-pensance. Les couvertures de Charlie Hebdo sont parfois révoltantes de mépris et de haine, même pas refoulés. Par ailleurs, la saine critique du politiquement correct ne saurait être interdite par une censure quelconque. Le détournement pervers de la critique ne saurait nuire à la saine controverse des idées reçues. Sinon, il faudrait interdire la lecture de Léon Bloy1, de Jacques Ellul2 et de Philippe Muray.