Une envolée de l’imagination - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Une envolée de l’imagination

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Partant pour de courtes vacances, je fourrai dans mon sac ma copie de la version TV Granada de Brideshead revisited. J’avais un souvenir personnel de la série parce que j’étais étudiant à Oxford quand elle a été tournée. Près de la Bodleian Liberray je regardais Anthony Andrews et Jeremy Irons quitter à grands pas de la loge du concierge de Hetford College, grimper dans leur voiture décapotable et passer sous le Pont des Soupirs dans la direction de Brideshead. J’étais sûr d’avoir aperçu Laurence Olivier marchant le long du Broad.

La série TV Granada est probablement la plus subtile et la plus fidèle adaptation pour écran d’une oeuvre de fiction. Le script intelligent et sensible de Mortimer est fidèle à l’intention de Waugh bien que Mortimer soit lui-même athée. La direction subtrile de Charles Sturruidge associée à un casting parfait ne raconte pas seulement l’histoire de Waugh mais fait vivre l’extravagance aristiocratique de la période. Oxford, comme nous voiudrions l’imaginer, est en plein épanouissement, et quand Venise et le somptueux Castle Howard ( qui remplace ici Brideshead) sont introduits, l’effet est à la fois d’opulence et de décadence. La hauteur anglaise jouée avec assurance et désinvolture s’associe avec une innocence étrange et une persistante tristesse fin de siècle.
Ainsi dans une cabane des montagnes de Caronine du nord je m’installai pour me complaire dans ce que Waugh appelait son GEM (Great English Masterpiece [Grand Chef d’Œuvre Anglais], mais aussi dans ma propre nostalgie des jours heureux d’Oxford, et méditer sur la voie unique où Dieu était à l’œuvre non seulement dans la famille Flyte, mais aussi dans mon pélerinage claudiquant vers la foi catholique.

Un ami a fait observer une fois que Brideshead pouvait représenter l’Eglise catholique – la “fiancée” du Christ qui est la “tête” de l’Eglise. Est-ce une envolée (excusez le jeu de mots) de l’imagination2 ? Je ne pense pas qu’Evelyn Waugh ait écrit une allégorie, mais il y a d’intéressants symboles entrelacés dans l’histoire, qui dévoilent la signification catholique plus profonde de l’œuvre.

D’abord, l’imposante maison est certainement plus grande et plus ancienne que l’éphémère famille Flyte dont l’histoire occupe l’intrigue de Waugh. Sebastian Flyte dit à Charles Ryder que Brideshead a été un ancien château avant qu’un ancêtre en prenne les pierres et rebâtisse ce qu’une autre vieille tante appela “la nouvelle maison”. Le catholicisme alors est repris en écho par la réflexion de Lord Marchmain que, dans son mariage et sa conversion, Lady Marchmain a fait revenir la famille à la “religion de ses ancêtres”.

La transposition visuelle que fait Sturridge de l’histoire dévoile certains détails qui identifient Brideshead à l’Eglise catholique. Nanny Hawkins vit dans un attique, et la télévision montre sa petite chmabre comme une sorte de sanctuaire catholqiue. Bien que l’histoire se déroule sur une période de vingt ans; Nany Hawkins ne bouge pas de son fauteuil et ne semble pas vieillir. Toujours aimable, indulgente, Nanny Hawkins est la figure de la mère à laquelle Sébastian et ses soeurs, Julia et Cordelia, sont sincèrement attachées. Logée dans l’attique d’une vieille masion elle devient ainsi une personnification d’un plus large symbole de Brideshead comme Eglise Mère.

Dans une autre référence visuelle à l’Eglise Mère, quand Charles visite Sébastian épuisé dans un hôpital marocain pour l’informer de la mort prochaine de Lady Marchmain, Sebastain dit tristement d’un ton rêveur : ”Pauvre maman, elle a toujours été une femme fatale.” Ensuite il se détourne pour regarder une icône bon marché de la Madonne et de l’Enfant. C’est comme si Sebastian avait transféré ses affections de sa mère terrestre à Marie Mère de l’Eglise. Donc, le thème de Brideshead comme symbole de l’Eglise Mère revient tout au long de l’histoire, et si la maison ancestrale est l’Eglise Mère, alors les enfants Flyte pathétiquement prodigues sont orphelins.

Dans l’histoire, ils sont rendus orphelins d’abord par leur père irresponsable qui abandonne la famille pour une vie louche et débauchée à Venise avec sa maîtresse italienne. Ils sont de plus rendus orphelins par la femme froidement manipulatrice et satisfaite d’elle-même qu’est Lady Marchmain. Bridey, l’héritier, trouve refuge dans un pharisaïsme fermé, obstiné, tandis que Julia et Sebastian s’évadent dans la licence sexuelle, l’alcoolisme, et le rejet de leur foi. Seul la petite fille, Cordelia, trouve la vraie foi dans le désert d’une famille ravagée et disfonctionnelle.

Pendant tout cela, la lampe du sanctuaire à l’intérieur de l’oratoire très décoré de la vaste maison brûle comme un fidèle flambeau. La permanence de Brideshead représente non seulement la mère église mais aussi le père du prodigue attendant d’accueillir au foyer les orphelins. Le retour de Lord Marchmain à la maison et à sa foi catholique est un signe prophétique de repentance et de retour. Et quand Charles, au milieu des hasards de la guerre, revient également, nous restons avec la découverte que chaque membre de la famille Flyte, quand vient son heure, a été ramené au foyer de l’Eglise Mère. Chacun va revenir racheté, guéri, restauré, et pardonné. Et c’est ainsi qu’ils vont “revisiter Brideshead”, y rester pour toujours.

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Le Père Dwight Longenecker est un ancien ministre de l’Eglise d’Angleterre. Il est maintenant prêtre de paroisse à l’église Notre Dame du Rosaire à Greenwill, en Caroline du Sud. Son dernier livre est The Romance of Religion – Fighting for Goodness, Truth and Beauty.

Photo : Charles Ryder (Jeremy Irons)

http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/a-flyte-of-fancy.html

vendredi 8 août 2014