Une Église pour les athées ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Une Église pour les athées ?

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Dans l’actualité, il y a les grands événements, les informations liées à la conjoncture qui font la substance du métier de journaliste, habitué à commenter le cours du temps. Mais il y a aussi des choses plus marginales, inattendues, surprenantes, pittoresques. Parmi celles-ci j’ai relevé une information reprise par Le Point. En Grande-Bretagne va s’ouvrir prochainement une église pour les athées. Oui, je dis bien une église pour les athées. Il fallait y penser à celle-là. Ce sont deux comédiens, un homme et une femme, Sanderson Jones et Pippa Evens, qui viennent d’annoncer qu’ils voulaient fonder une institution nouvelle à partir d’un concept original : « Nous voulons toutes les choses positives qu’on peut partager en tant que communauté religieuse, toutes ces choses qui font de nous des personnes meilleures, parce que c’est bien de faire des choses pour les autres, mais tout ça sans que Dieu y soit impliqué. »

Nos deux comédiens ont donc fondé une congrégation des athées avec l’ouverture prévue de ce qu’on n’ose appeler un lieu de culte, bien qu’il s’y célèbrera des cérémonies d’ordinaire attachées à un culte particulier pour les mariages et les enterrements. Il y aura des discours, des chants et des réflexions communes. La première assemblée du dimanche est prévue pour le 6 janvier, qui est pour les chrétiens le dimanche de l’épiphanie du Seigneur. Et cela dans un bâtiment du nord de Londres qui était auparavant une église.

On attend avec quelque curiosité le développement d’une telle expérience. On est contraint tout d’abord de s’interroger sur cet étrange mimétisme qui conduit des athées militants à reproduire un cérémonial religieux. Est-ce à dire que l’homme, même privé de Dieu, demeure un être fondamentalement religieux ? Et puis cette exclusion proclamée de Dieu signifiera-t-elle la construction d’une sorte de dogme athée auquel devraient souscrire les fidèles de cette anti-religion ? C’est un sérieux problème. Et nos deux fondateurs devraient y réfléchir à deux fois. Leur espace religieux non-religieux, pour peu qu’il laisse place à la libre méditation ne risque-t-il pas de remettre en cause cet athéisme de principe en rouvrant les esprits à des questions aussi incongrues que le sens de l’existence, celui de la présence de l’homme dans le cosmos ou même l’interpellation éthique du visage ? Et puis est-il honnête intellectuellement de fermer à tout jamais la perspective du mystère où se révèle et se cache ce tout Autre qu’est Dieu ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 31 décembre 2012.