La presse s’est beaucoup intéressée à l’éducation qu’Emmanuel Macron avait reçue à Amiens, au collège de la Providence fondé par les pères jésuites. Plusieurs envoyés spéciaux ont été expédiés sur place pour interroger les professeurs du nouveau président de la République et enquêter sur le style particulier de l’établissement. Emmanuel Macron lui-même s’est confié sur ce qu’il avait reçu à la Providence. Ainsi à Samuel Pruvot qui avait convié à confesse sept des candidats à la présidence1 : « C’est lorsque je suis entré au collège, lui a-t-il dit, que j’ai sollicité le baptême : familialement, cela n’avait pas été une priorité. Pendant ces années, j’ai été au contact de la foi catholique dans sa dimension intellectuelle, parfois plus que dans sa dimension spirituelle. Il est néanmoins évident que les Exercices d’Ignace de Loyola qui sont au cœur de la spiritualité jésuite imprègnent la démarche intellectuelle de cet ordre et leur zèle d’enseignants. »
Ce témoignage est intéressant à plus d’un titre. En effet, la Providence qu’a connue le jeune Macron n’avait plus l’encadrement religieux dont avaient bénéficié ses prédécesseurs, dont le futur maréchal Leclerc de Hautecloque. Cinq religieux, ce n’était plus les vingt d’autrefois. Néanmoins, l’esprit ignatien continuait à être répandu ainsi que certaines méthodes pédagogiques éprouvées, notamment l’activité théâtrale qui a toujours joué un rôle important dans l’éducation jésuite.
Le journaliste, qui a enquêté pour le magazine hebdomadaire du Monde, constate qu’aujourd’hui ce n’est plus pour cette pédagogie que les parents choisissent la Providence pour leurs enfants, à l’exception peut-être des anciens élèves. On vient en raison de la réussite aux examens qui est exceptionnelle. Cette évolution ne surprend pas, elle a atteint, depuis une quarantaine d’années, l’enseignement catholique pris d’assaut par ceux qu’on appelle « les consommateurs d’école ». Ils ont succédé aux parents catholiques qui choisissaient un établissement en raison de leurs convictions. Il n’empêche qu’il reste quelque chose de l’esprit des fondateurs dans beaucoup d’écoles pour lesquelles le caractère propre n’est pas un vain mot. Dans le débat toujours nourri sur la laïcité, voilà un élément à joindre au dossier. La richesse que propose l’enseignement catholique est précieuse, et elle ne s’oppose en rien à la liberté des citoyens. Elle enrichit le lien social. C’est déjà un début !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 juin 2017.