La polémique ouverte à propos de l’enseignement catholique n’est pas près de se refermer, non tellement à cause de l’intervention intempestive, et à mon sens malheureuse, de Vincent Peillon, qu’en raison des questions sérieuses posées par le statut et l’avenir de cette institution. Peut-on s’intituler sérieusement enseignement catholique, si cela ne correspond pas à une réelle différence ? L’épiscopat s’en préoccupe au point de provoquer l’inquiétude de ceux qui craignent une reprise en main et ce qu’on appelle, de façon très péjorative, une crispation identitaire. Le Monde – encore lui, décidément ! – s’est signalé, ces jours-ci, par une mise en garde qui m’a fait à la fois sourire et réfléchir. Sourire : on conviendra qu’il est un peu cocasse de reprocher à une institution catholique de se vouloir catholique. Je lis, en effet, dans un article signé Bruno Poucet : « La loi Debré a tenté de construire un vivre ensemble. C’est sa force et sa richesse, dans le cadre d’une Église qui avait décidé – le concile n’était pas loin – d’épouser son époque et de ne plus la combattre. » Les formules sont astucieusement tournées mais très équivoques. Que signifie épouser son époque ? Est-ce renoncer au christianisme ? Le concile Vatican II aurait-il préconisé une déchristianisation des institutions ecclésiales ?
Voilà qui donne aussi à réfléchir. Qu’est-ce que le caractère propre reconnu à l’enseignement catholique par la loi Debré ? Quelles sont les contraintes qu’imposent à l’institution l’ouverture à tous ? Je ne dénouerai pas les difficultés en quelques mots. Je me risquerai à deux remarques. Avant la loi Debré et même Vatican II, l’école chrétienne n’était pas forcément la forteresse décrite à l’envie. Par exemple en Afrique du Nord, elle accueillait souvent des musulmans, garçons et filles, qui en ont gardé un excellent souvenir. L’ouverture n’est pas renoncement à ce qu’on appelle sommairement son identité. Par ailleurs, de quoi a-t-on peur ? Que l’école catholique fasse du prosélytisme ? Comme si c’était si simple de faire des chrétiens ! D’ailleurs on ne fabrique pas des chrétiens. La foi est une très curieuse aventure, où ce qui se joue d’abord c’est la découverte personnelle du Christ. C’est donc l’intériorité la plus intime, la liberté la plus intérieure qui sont à l’origine d’une décision que personne ne saurait forcer, ni même solliciter indiscrètement. Ce que l’école catholique peut apporter, c’est la culture chrétienne, une mémoire vivante qui s’est souvent éteinte ailleurs. Je ne vois pas pourquoi on refuserait à des jeunes la chance d’une connaissance plus approfondie de ce champ de la pensée et de la vie.
Chronique lue sur radio Notre-Dame le 10 janvier 2013.
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