Theresa May, la Première ministre britannique, tirant la leçon du nouvel attentat qui a endeuillé Londres, a déclaré vouloir revoir sa stratégie anti-terroriste. Son premier objectif concerne la lutte contre « l’idéologie du mal », celle qui inspire les meurtriers. Ce n’est pas uniquement avec des moyens militaires qu’on se bat contre un ennemi qui ne se distingue d’ailleurs pas par la puissance de son armement. C’est sa faculté de diffuser la haine et d’intoxiquer les individus qui constitue la première caractéristique du djihadisme meurtrier. Mais comment s’opposer à la radicalisation et à la diffusion d’une idéologie ? Les États ne sont pas toujours en mesure de lutter sur ce terrain. On le voit bien en France avec les aléas et même les échecs des tentatives de désintoxication intellectuelle des jeunes gens touchés par le phénomène.
On met l’accent, à juste titre, sur la mission de l’école. Mais on s’accorde en même temps pour reconnaître que c’est notre système scolaire qui est en crise et qu’il se trouve particulièrement fragilisé dans les quartiers les plus sensibles à la propagande extrémiste. Les témoignages que nous pouvons recevoir à ce sujet nous font prendre conscience d’un énorme défi, non surmontable dans les circonstances actuelles. C’est le président Hollande qui parlait de sécession de certains quartiers. Qu’en est-il pour nos amis anglais qui ont toujours préféré le multiculturalisme à l’intégration ? Il semble que la Première ministre anglaise a remis en cause ce système, en appelant au rassemblement du pays.
Parallèlement, Theresa May entend défendre « les valeurs du pluralisme », supérieures à l’intolérance des prêcheurs de haine. Encore faut-il qu’une nation se reconnaisse dans un espace commun. C’est Régis Debray qui nous met en garde à ce propos : « La cohabitation multiculturelle est très rarement œcuménique. » Il faudrait en fait désenclaver les quartiers pour permettre aux habitants d’accéder à cet espace commun. Si le Royaume Uni est devenu la cible privilégiée de Daesh, c’est peut-être qu’il profite de ce modèle communautariste propice à la culture djihadiste, du fait de l’enfermement qu’il favorise. En toute hypothèse, les nations européennes devront mener une réflexion approfondie sur une prévention culturelle aussi indispensable que la prévention policière.