Une clé pour la serrure - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Une clé pour la serrure

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Un de mes amis, l’homme le plus brillant que je connaisse, est chercheur en biologie moléculaire. C’est — aussi — un dominicain, autant à l’aise pour parler du vieillissement des cellules avec des scientifiques mondiaux que pour suggérer à l’homme de la rue de faire appel à l’Esprit Saint dans tous ses actes, même les plus simples, par exemple décider de son itinéraire pour rentrer à la maison.

Nous causions un jour de la relation fructueuse entre foi et raison. Il disait que pour lui la foi catholique est un “tout“, ce que j’aime appeler “LE Tout“. Il n’y a pas que l’attrait du pouvoir éclairant de la foi, on y trouve aussi une relation s’approfondissant sans cesse avec l’infini et l’inexplicable : la beauté, la bonté, la vie intérieure, l’amour, et Dieu Lui-même.

Qu’attendre d’un foi pareille ? Chesterton [Écrivain, philosophe anglais, 1874 – 1936] la comparait à une clé dont le profil s’adapte merveilleusement aux indentations de la serrure des réalités. On peut en faire deux commentaires apparemment contradictoires.

Un : que le lien de la foi à la réalité se trouve partout. Rien n’est trop terre-à-terre ou mineur pour échapper au domaine de la foi. La clé ouvre la serrure vers tout. Et en réalité la foi nous enseigne autant sur la nature du paradis que sur la nature de la terre.

Elle ne suggère pas d’échappée vers un Bouddah doré ou un Marc-Aurèle d’airain, la clé n’a pas de concurrente. Une seule clé correspond précisément à la serrure, soyons persuadés qu’à tous importants points de vue elle est vraiment unique.

Écoutons donc Chesterton, comportons-nous comme le pèlerin qui a parcouru le monde et atteignant la destination rêvée, s’aperçoit que c’est le foyer qu’il avait quitté sans savoir que là était son but.

Nous sommes trop familiers avec les Écritures, trop familiers avec l’Église, trop familiers avec, pour le moins, une caricature de Jésus — un sujet déstabilisant de trop longue méditation, Jésus.

Voilà pourquoi je souhaite entamer sur ce site une série de réflexions sur cette unicité.

Rien ne vaut que commencer par le commencement. « Que la lumière soit — dit Dieu — et la lumière fut. » Une révélation qui, si nous pouvions en saisir le sens, devrait nous frapper au fond du cœur. Que signifie-t-elle ?

Remarquons tout d’abord son unicité frappante. Dans toutes les légendes de la ”création” que je connais, comme ”Enuma Elish” [Récit Babylonien de la création, découvert au XIXe siècle] ou dans la ”Theogonie” d’Hésiode [VIIIe – VIIe s. av. J.C. , la ”naissance des dieux”] on trouve une brutalité primaire, ou des accouplements de divinités, ou des naissances spontanées, ou le modelage de créatures. Mais le verset qui nous intéresse évacue tout cela.

Il porte la métaphore la plus simple indispensable pour éveiller la compréhension dans l’imagination humaine — tout spécialement pour un peuple semi-barbare comme l’étaient les Hébreux primitifs. En réalité, l’acte créateur n’est pas un acte, mais une parole : ”Dieu dit.”

Nous n’avons pas ici à analyser la profonde relation entre ce verset et le verset du prologue ”in principio” de l’Écriture sainte « Au commencement était le Verbe ». Le ”Verbe” est un acte instantané de la volonté créatrice et d’amour de Dieu. Les mots hébreux en suggèrent le caractère immédiat.

Bizarrement, en hébreu, la morphologie des verbes varie après la conjonction ”ET”. En pratique, cela signifie qu’un verbe au futur peut prendre le sens du passé après ”et”. En Hébreu : « W’yomer Elohim : Yehi ’or, w’yehi ’or. » “Qu’il soit . . .“ et “Il était . . .“ sont identiques dans la langue et en fait. Pas plus compliqué que ça.

Non seulement c’est bien loin de la légende ”Enuma Elish” du monde fabriqué avec les membres disloqués de la déesse maritime du mal ”Tiamat”. C’est sur un plan intellectuel tout-à-fait différent.

Tout devient clair à nos yeux en considérant ce que Dieu fit d’abord : la lumière. Non pas la terre, ni les étoiles, ni aucun autre objet soumis à la volonté divine. Les Hébreux l’ont bien compris, il ne s’agissait pas de dire : « créons les photons ».

Quelle est donc la signification de ”Lumière” dans leurs anciens écrits ? Les auteurs des psaumes répètent à l’envi ”lumière, visage de Dieu”, ou bien ”lumière, sagesse, don de Dieu” : « en Ta lumière nous voyons la lumière ». Ces mots impliquent la compréhension et la vérité, surtout la vérité du chemin d’une vie divine.

Traduit en termes grecs, ”Que la lumière soit” affirme qu’il y a une cause profonde à l’existence de toutes choses. Cette cause n’est pas une pellicule flottant sur une mare d’irrationnel, ni un recoin éloigné de l’univers. Nous ne devons pas accepter l’idée que l’intelligibilité jaillisse du fond incompréhensible du néant.

La phrase « Que la lumière soit » est un ordre : elle précède le verset « Dieu vit que la lumière était bonne ». La vision par Dieu n’a rien de matériel — comme si voir, pour Dieu, dépendait d’un événement précédent. Ce qu’Il a créé est bon en raison de la bonté profonde de Son pouvoir et de Sa volonté.

Mais pour revenir au texte hébreu, « Que la lumière soit » affirme l’amour donné jusqu’au plus profond de chaque chose. Marcher dans la lumière, c’est marcher avec Dieu. La lumière est bonne, c’est dire qu’elle est désirable parce que Dieu en la créant l’a faite désirable.

Mille ans plus tard, les néo-Platoniciens allaient en dire autant. Mais puisque la lumière a été créée, n’étant pas une simple émanation de l’immense Unique, de même que chez les néo-Platoniciens, sa beauté est une invitation à tenter d’en approcher le Créateur.

La règle est ainsi bien révélée, dans cette phrase concise et explosive : « Que la lumière soit ». Et par conséquent apparaît ce que l’Église enseigne de toujours : l’homme est une créature d’amour, et si nous ne sommes pas handicapés intellectuellement et moralement, lorsque nous parlons de vérité, nous devons parler de notre intense désir personnel de vérité, d’union à la Vérité, car comme l’a proclamé l’Apôtre préféré, ”Dieu est lumière”.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/the-key-that-fits-the-lock.html

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