Une clé pour la serrure (page onze) - France Catholique
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La justice de Dieu
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Une clé pour la serrure (page onze)

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Le Seigneur dit à Abraham: « Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous.» (Gn, 17:11). De notre temps un homme un peu snob dirait de ce rite qu’il n’est qu’une mutilation cultuelle d’un passé barbare. Homme moderne, révise donc ton jugement.

Dans la « Théogonie » d’Hésiode on apprend qu’après avoir vaincu les Titans et établi sa suprématie parmi les dieux, Zeus se déchaîne en assauts sexuels et copulations frénétiques. Ce sont les signes de de sa puissance et de sa divinité. Et en même temps, Zeus est rabaissé au niveau de la brutale bestialité du monde.

On trouve les mêmes idées dans toutes les religions de fertilité. Les femmes que vit Ézéchiel à l’entrée du temple, « pleurant Tammuz » (Ez, 8:14) adoraient Adonis-dieu de la végétation, qui « mourait » tous les hivers et renaissait au printemps. De tels rites étaient fréquemment accompagnés de prostitution rituelle, tant d’hommes que de femmes: rappelons-nous les « maisons pour sodomites » que détruisit le bon roi Josias, maisons associées aux bosquets consacrés à Baal, le Tammuz des Cananéens. (2R, 23:7).
En Égypte, selon une légende rapportée par Plutarque, la féminité du Nil est protégée par Osiris, ou, plutôt par un petit morceau de sa personne. Quand le malveillant Seti a écartelé Osiris et jeté ses membres dans le Nil, sa sœur-épouse Isis a tout rassemblé pour le reconstituer. Tout, sauf un morceau, son « membrum virile » qui avait été gobé par un brochet.

Vous pouvez bien sourire — un peu gêné. Si la « chosette » est un symptôme, alors, nous sommes des adorateurs devant l’autel d’Osiris, de Baal, Tammuz, Adonis et Priape. C’est une source intarissable de tentation, de chercher le septième ciel sur terre, et ainsi de ne trouver ici-bas que la fange excitante, bouillonnante, de la copulation.

Pour les Chrétiens la sexualité participe à la création, coopérant avec la création divine en faisant venir des âmes immortelles en ce monde. Ceci repose bien dans la révélation que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

L’engagement de notre vie sexuelle envers le Dieu de justice, le Dieu qui par sa parole a créé le monde, va à l’encontre de l’anthropomorphisme. Mais le culte de Priape a pour premier effet d’abaisser le Saint à notre ressemblance, et, inévitablement, à une médiocre ressemblance.
Être circoncis, c’est le signe qu’on est dédié à Dieu, et non au monde, à la chair, au démon. La circoncision n’a rien à voir avec un rite de fertilité. Elle est pratiquée, typiquement, sur les nouveaux-nés, et non sur les garçons pubères. Elle est donc étrangère aux rites de « temps et saisons » proscrits par la Bible et pratiqués par les voisins d’Israël qui vouaient un culte à la fertilité.

Dans la Genèse elle marque la séparation de la misérable condition sexuelle du pécheur, condition misérable à laquelle même les fils de Jacob peuvent succomber. Sa signification: tout ce que je suis, tout ce que je fais, appartient à Dieu.

Le choix du huitième jour a aussi une grande importance. La circoncision est ainsi associée à la création même, non pas acte de procréation mais acte libre, indépendant, d’amour. On peut alors voir en Dieu la transcendance et Sa présence en toute chose. Ce n’est pas le cas de Zeus. Le huitième jour marque le début de la semaine suivante, après le repos du Sabbat. C’est le signal d’un recommencement, d’une re-création de l’homme, désormais marqué dans sa chair comme porteur de l’alliance avec le Dieu providentiel.
En conséquence la circoncision du cœur, sur laquelle les prophètes insistaient, est déjà sous-entendue dans l’ancien rite. Ainsi parle le Seigneur par Jérémie: « Circoncisez-vous pour Yahvé, ôtez le prépuce de votre cœur, gens de Juda et habitants de Jérusalem.» (Jr, 4:4).

Ce n’est pas seulement que le sacrifice d’un taureau ou d’un bœuf, sans la vraie soumission jaillissant de l’amour est vide. Pire, on compte sur Dieu. On présume de Sa pitié. On tente de passer un marché, comme si l’homme pouvait manipuler Dieu par ses artifices. À l’amour se substitue une volonté de domination.

Mais celui qui aime véritablement se met à l’entière disposition de l’être aimé. Ce que signifie la circoncision, physiquement et en esprit, nous est révélé pleinement par Jésus. Considérons les deux moments connus où Son Sang a coulé avant la flagellation, le couronnement d’épines et la crucifixion.
Une première fois, lors de Sa circoncision, à son huitième jour, quand Il reçoit le nom de Jésus: le Seigneur sauve. Ce qui signifie: « c’est le Seigneur qui nous sauve », comme le Seigneur nous a créés; nous ne nous sommems pas créés nous-mêmes, nous ne pouvons nous sauver nous mêmes.

La deuxième fois, dans le jardin du Mont des Oliviers, de grosses gouttes de sang tombant à terre, Il disait: « Père, si Tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté mais la Tienne qui se fasse!» (Lc, 22:42). Marie et Joseph consacraient totalement le nouveau-né à Dieu; et Jésus affirme cette pleine consécration: « que Ta volonté soit faite.» C’est l’essence de Sa prière, de Son ministère, de Son amour.
Ainsi voyons-nous pourquoi le baptême réalise pleinement ce que la circoncision sous-entend. Nous sommes baptisés, rituellement noyés dans l’eau vive de l’amour de Jésus, amour à mourir. Saint Paul nous dit :

« et vous vous trouvez en lui associés à sa plénitude, lui qui est la Tête de toute Principauté et de toute Puissance.

C’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’était pas de main d’homme, par l’entier dépouillement de votre corps charnel; telle est la circoncision du Christ: ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts.» (Col, 2:10-12).

Ainsi, on unit, avec la résurrection du Christ d’entre les morts, le huitième jour [dimanche, lendemain du Sabbat], jour unique qui embrase tous les temps pour l’éternité, le rameau de la promesse faite à Abraham.

NDT: texte français des citations bibliques tiré de la Bible de Jérusalem.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/the-key-that-fits-the-lock-part-eleven.html