Noël est la fête qui nous rappelle que la foi n’est pas une idée abstraite, mais une réalité historique. Un bébé est né à un moment donné afin de sauver le monde. C’est comme si un homme puissant, voyant un tas de personnes passant à travers la glace mince d’un étang en hiver, sortait pour les sauver, alors qu’il est clair qu’il devra mourir dans l’effort. Toutes les réflexions qui s’ensuivent — D’où vient-il ? Pourquoi a-t-il fait cela ? Comment ces gens en sont-ils venus à se mettre en danger, quelles mesures doit-on prendre pour avertir les autres des périls de la glace mince? — dépendent de ce premier acte de sauvetage.
Un certain type de catholique semble parfois gêné que la Bible et l’essentiel de la Révélation qu’elle contient ne sont pas plus comme un traité de philosophie ou un code de pure morale. Le monde, à la naissance du Christ, avait déjà connus assez souvent de ces prescriptions, certaines tout à fait utiles et vraies, mais elles ne l’étaient pas assez pour répondre au besoin – qui était de nous sauver. Vous avez besoin de quelqu’un, une personne, pour cela. Vous ne jetez pas un livre à quelqu’un qui se noie.
Cela est devenu plus difficile de comprendre en partie à cause de notre très riche tradition de pensée chrétienne. Les protestants, par exemple, ont souligné à juste titre l’importance du texte du Nouveau Testament. Comme les études historico-critiques qui sont passées à la vitesse supérieure au cours des deux derniers siècles. Cependant, il est devenu clair que beaucoup d’éléments au sujet de Jésus avaient été mis en circulation avant que les Evangiles aient été écrits. Si les chercheurs ne font pas fausse route, le premier texte du Nouveau Testament, la Lettre aux Galates, a été écrite par saint Paul au moins vingt ans après la mort du Christ.
Pensez-y une seconde comme un chrétien, non pas comme un intellectuel. Imaginez quelque événement bouleversant qui serait arrivé à un groupe de personnes en 1990. Et maintenant nous sommes ici en 2010 et l’histoire originale a été à l’évidence répétée et remâchée à de nombreuses reprises. Même en tenant compte de l’inspiration divine dans les Evangiles qui viennent d’être écrits — et sélectionnés parmi d’autres comme faisant partie du canon des Écritures officielles — l’Église, la communauté concrète des croyants, a joué un grand rôle dans l’élaboration, la conservation, et l’élaboration des textes autorisés. Et en rappelant à chacun qu’il est arrivé quelque chose qui ne peut être oublié parce qu’il a changé à jamais le devenir humain.
Nous ne pouvons avoir que deux réactions de base face à cette réalisation. Si vous êtes une sorte de fondamentaliste, vous pourriez être surpris qu’il y ait eu une sorte d’altération catholique des textes reçus avant qu’ils ne soient écrits. Certains chercheurs très sophistiqués ont versé dans un scepticisme virtuel en raison de la stratification et la sélection des éléments dans les Évangiles, au motif qu’ils ne représentent pas un texte vierge, immaculé, un texte fondateur absolu.
Une autre large catégorie de personnes — les féministes, les homosexuels chrétiens, tout le panthéon moderne — ont utilisé ces spéculations savantes pour prétendre que le christianisme, tel qu’il a existé jusqu’à tout récemment, est tout simplement une sélection officielle et le fruit de la répression des divers « christianismes » qui ont suivi le modèle christique. Il n’existe aucune preuve, même parmi les textes non-canoniques, qui ressemblerait à la recherche de ces modernes activistes chrétiens. Pourtant, pour un certain nombre de gens, si l’Eglise — c’est-à-dire, l’Église catholique — a mis la main dans la production des textes du Nouveau Testament, alors l’authenticité de ceux-ci est compromise et quelque chose d’autre doit prendre leur place, le plus souvent une mode contemporaine.
Bien sûr, il y a une seconde réaction possible, qui est de reconnaître l’incontournable — et indispensable — rôle que l’Eglise, en tant que communauté à laquelle le Christ a donné naissance, joue dans la préservation de sa mémoire. Elle fait en sorte que, même au milieu de l’évolution des pensées, la réalité de ce qu’il a fait ne soit pas déformée. Beaucoup de gens peuvent juger cela comme une sorte d’orthodoxie terne et bureaucratique, mais réfléchissons aussi à cela : le Nouveau Testament nous montre un personnage qui n’aurait pas pu être créé, même par un génie littéraire, et encore moins par quelques pêcheurs et humbles disciples.
Un de mes amis, un écrivain brillant, qui est décédé au début de cette année, avait l’habitude de dire combien il est difficile de dire quelque chose qui la mémoire puisse retenir. Pourtant, les Evangiles montrent un personnage dont jaillissent de nombreuses paroles mémorables, sans qu’il semble faire des efforts particuliers pour impressionner ceux qui l’accompagnent sur le chemin de la mort qui nous a rachetés. Et s’il n’y avait pas une certaine compréhension de la Bonne Nouvelle enseignée avec autorité, nous serions pour l’essentiel retournés à l’ancienne position de l’humanité : nous tournerions sur nous-mêmes dans un monde qui ne nous donne aucun moyen de lui donner un sens. Une Eglise qui nous rappelle sans cesse la nature extraordinaire de ce qui a été offert peut faire un travail lassant, mais il faut aussi convenir que ces éléments trop connus sont comme du plutonium enrichi qui produisent des explosions spirituelles quand ils sont considérés à nouveaux frais.
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source de cet article : http://www.thecatholicthing.org/
Robert Royal est le rédacteur en chef de The Catholic Thing, et le président de l’Institut Foi et Raison, à Washington.
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