Une charte problématique - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Une charte problématique

Un texte important à été présenté lundi au président de la République par cinq représentants du culte musulman. Il devrait régler impérativement les relations de l'islam de France avec les pouvoirs publics. Il n'est pas sûr pourtant qu'il reçoive l'adhésion de tous les musulmans qui ne disposent pas d'organisation qui les structure vraiment.
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© Pascal Deloche / Godong

Faut-il considérer la « charte des principes pour l’islam de France » comme un pas décisif en faveur d’une meilleure intégration de la religion musulmane dans notre pays ? Le président de la République, en tout cas, semble mettre toute sa confiance dans ce qu’il considère être un engagement décisif et même un acte fondateur. Serait-il sur le point de réussir là où ses prédécesseurs avaient échoués ? L’étude du texte oblige incontestablement à reconnaître que ceux qui lui ont donné leur aval ont consenti à des principes d’extrême importance. Le premier d’entre eux est la reconnaissance explicite de la liberté religieuse avec la possibilité d’apostasier. On sait que cette possibilité est farouchement interdite dans la tradition islamique et qu’elle est même sanctionnée par la peine de mort.

Un théologien aurait peut-être à redire sur le terme d’apostasie, car si la liberté de croire ou de ne pas croire constitue un préalable absolu, le rejet d’une foi définie ne saurait être considérée avec indifférence. M’imaginer moi-même comme apostat trouble au plus haut point ma conscience, alors que je tiens fermement à la liberté radicale de mon adhésion à la foi catholique. C’est peut-être à partir d’une telle remarque que l’on est obligé de constater une différence fondamentale avec le compromis négocié autour de la loi de 1905. Ce compromis garantissait l’autonomie totale de l’Église par rapport à l’État. Autonomie d’ailleurs redoutée par les anticléricaux les plus farouches, qui auraient préféré garder l’Église sous tutelle avec une forme adaptée de concordat. Ici, l’État s’insère directement dans l’organisation interne de l’islam. Ce qui pourrait être – mais ne parions pas pour le pire ! – l’occasion de nouveaux conflits.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 janvier 2021.