UNE CAMPAGNE DE HAINE - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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UNE CAMPAGNE DE HAINE

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Les campagnes électorales sont prodigues en coups tordus. On s’en passerait volontiers s’il y avait un moyen plus raisonnable de choisir ses dirigeants. Mais même dans les pires attaques, il y a des limites. Ces limites ont été franchies la semaine dernière de la plus grossière manière par la haine idéologique exprimée à l’encontre du candidat (à l’investiture républicaine) à la présidence Rick Santorum.

Même un commentateur indulgent (Ross Douthat au « New York Times ») est d’avis qu’il n’y a rien dont le candidat Santorum puisse se plaindre : « Dans une situation culturellement si divisée à propos des enjeux fondamentaux de notre temps, le genre d’attaques étranges dont Rick Santorum fait l’objet font partie du chemin qu’il s’est choisi. »

« Etranges » est une litote. Certes, certains observent une certaine retenue. Ainsi, les positions de Santorum sur l’homosexualité sont simplement tournées en ridicule comme « antédiluviennes », étrangères à l’esprit du temps, ainsi que les ados du New Hampshire (Etat libéral de Nouvelle-Angleterre où les Primaires ont lieu le 10 janvier) en sont l’illustration.

Les véritables attaques « étranges » viennent de ceux qui ne pouvaient se contenter du commentaire politique habituel de campagne et de la critique des positions morales traditionnelles et politiquement et économiquement conservatrices de Santorum.

Non, après son succès en Iowa, Santorum doit être détruit. Et on a commencé par reprocher à la famille Santorum d’avoir amené à la maison le corps de leur enfant mort peu de temps après sa naissance, comme s’il s’agissait de quelque chose d’extrêmement bizarre, un peu comme le culte des morts au Mexique. De fait, dans toute autre culture que celle de l’Amérique d’aujourd’hui, ce geste aurait passé même pour les commentateurs les plus à gauche comme une preuve d’humanité contrairement au déni de la mort affiché par la bourgeoisie. Ignorant que cette manière de faire son deuil est effectivement recommandée par certains médecins américains, plusieurs de nos plus prestigieux média se sont crus autorisés à s’immerger dans cette triste histoire parce qu’elle leur semble confirmer combien ces catholiques traditionnels se conduisent étrangement et quel est ce culte du fœtus qu’ils entretiennent – ce dont les électeurs doivent absolument être informés.

Une seconde controverse mise en avant par certains groupes pro-avortement est que les Santorum ont eux-mêmes recouru à un avortement quand Mme Santorum fut victime de complications durant sa grossesse. Ce qui signifie qu’ils ne sont que des hypocrites comme tous les pro-vie qui sont prêts à sacrifier leurs principes quand cela les arrange.
Là encore il s’agissait au contraire d’une circonstance qui est bien connue et traitée par la morale médicale catholique. La mère et l’enfant seraient tous deux morts si on n’avait pas administré des antibiotiques qui présentaient le risque de provoquer un accouchement.

Les implications politiques de ce genre de questions sont particulièrement brutales. On entend toujours dire que l’avortement devrait en tout cas être autorisé en cas de viol, d’inceste et pour protéger la vie de la mère. Or ces trois cas ne sont pas équivalents moralement. Le viol et l’inceste sont des abus sexuels mais un enfant peut très bien mériter de ne pas être supprimé pour autant dans le ventre de sa mère.

En revanche, la question de la vie de la mère est complexe. Selon les uns ou les autres, cela va d’une grossesse qui sera fatale à la mère ou qui lui fera manquer un semestre au collège. Quand la vie de la mère est effectivement menacée par une complication survenant pendant la grossesse, il est alors moralement licite dans certaines circonstances de sauver sa vie au risque, indirectement, de causer la mort du fœtus. C’est une situation dite à double détente occasionnant deux conséquences non voulues. En recherchant l’objectif premier, vous acceptez, sans l’avoir voulue, la conséquence regrettable qui en découlera. Beaucoup de médecins aujourd’hui ne font plus la différence entre ce type d’avortement et l’avortement tout court, tous deux étant présentés également comme des actes médicaux usuels.

(…)

Pour les esprits très ignorants, les Santorum sont des gens bizarres qui ont pratiqué un avortement. Ceux qui diffusent ce genre de contre-vérités et d‘attaques vicieuses contre un candidat en campagne portent une lourde responsabilité morale. Les opinions de Santorum lui ont acquis sa popularité en Iowa et résonnent auprès de dizaines de millions d’électeurs catholiques, évangéliques, juifs orthodoxes et musulmans. Les présenter comme « étranges », alors qu’elles furent longtemps la norme dans tout le pays, introduit inutilement un facteur de haine au sein de l’électorat américain dont on ne se libérera pas facilement.

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Lire aussi la chronique de Mary-Jo York :

http://www.france-catholique.fr/SANTORUM.html