En 1930, la communauté anglicane abandonna l’enseignement moral universel chrétien de deux millénaires qui condamnait le contrôle artificiel des naissances comme étant un grave mal moral, contra naturam, et destructeur du mariage. Elle le fit en permettant à la conscience subjective individuelle de prévaloir sur la norme morale absolue que de telles actions sont intrinsèquement mauvaises et par conséquent ne permettent aucune exception.
Ceci sonnait le glas pour l’anglicanisme en tant qu’autorité morale. Le résultat a été non seulement la totale indépendance des anglicans par rapport à leur enseignement moral, mais encore l’écroulement de la pratique religieuse parmi les laïcs (à l’exception des branches africaines de ce qui était jadis une communauté vibrante). Là où la conscience personnelle et subjective devient l’ultime autorité morale, la religion basée sur la Foi n’est simplement plus tenable.
Ainsi, il est choquant que, quatre vingt sept ans plus tard, certaines conférence nationales d’évêques catholiques aient pris le même chemin. En fait, l’élévation de la conscience subjective en tant que principe moral ultime débuta aussitôt après Humanae Vitae dans beaucoup d’Eglises locales, surtout en Europe. Maintenant les évêques maltais, argentins, et allemands font la même erreur à propos du divorce et du remariage, de l’adultère et des disciplines sacramentelles s’y rapportant.
La soit-disant « solution pastorale » était la voie même prise par la hiérarchie anglicane pour la contraception, il y a, plus ou moins, quarante ans avant Humanae Vitae, qui, avait -elle assuré aux aux fidèles anglicans, ne serait que rarement suivie, et uniquement dans des cas sérieux. En fait, elle a rapidement développé une mentalité contraceptive et un relativisme moral – éléments clefs de la révolution sexuelle des années 1960, et un relativisme encore plus radical de toutes les normes morales. Certains évêques et hiérarchies, aussi, ont commencés à faiblir. Et ce fut seulement une question de temps (plus ou moins cinquante ans), avant que cette fausse notion de conscience s’étendisse à d’autres enseignements moraux impopulaires tels que le divorce et les secondes unions adultères. Le jour était arrivé, et c’est seulement le début.
De même que l’Eglise d’Angleterre, en adoptant une approche de conscience subjective à la loi morale au cours des années soixante-dix, l’Eglise d’Europe a déjà accéléré le déclin déjà existant de la pratique religieuse. Une étude sociologique récente a déterminé que le nombre de catholiques réellement pratiquants, en France, est d’environ 2 % de la population. Un nombre un peu plus important va occasionnellement à la messe ou à d’autres offices, mais, même, beaucoup d’entre eux ne sont pas des catholiques croyants. Beaucoup de ces participants sont des catholiques nostalgiques, ou comme les études les appellent des « catholiques de fête » qui vont à l’Eglise pour des occasions festives, comme les baptêmes ou les mariages.
Aujourd’hui, des chiffres à peu près équivalents se situent dans la plupart des pays européens. L’Italie est un peu meilleure. Et maintenant, si l’histoire nous apporte un enseignement, Malte, à une époque la plus catholique de toutes, rejoindra la tendance du déclin de la Foi et de la pratique. C’est vraiment facile à comprendre si nous saisissons proprement ce qu’est réellement la Foi et comment la conscience se relie à la Foi.
Commençons avec un fait anthropologique : La conscience est une fonction ou un acte de jugement pratique, c’est à dire une fonction de l’intelligence humaine et non pas quelque pouvoir mystique imaginaire de l’âme. Ainsi, la conscience, comme toutes les autres fonctions intellectuelles, doit être éduquée et informée de l’extérieur. Elle n’est pas informée par elle-même ou de façon innée. Elle a certains principes de base innés, comme l’a l’intelligence théorique ou spéculative, mais même ces principes, à l’exception de certains absolument primaires, sont souvent obscurcis dans l’intellect.
Le problème, ainsi que nous l’avons appris par la Révélation, est notre nature déchue: l’intellect a été affaibli et assombri. Les pouvoirs moindres de l’homme déchu, les appétits et les passions, sont souvent rebelles à ceux qui sont plus élevées, c’est à dire l’intellect pratique et la volonté.
Donc notre conscience blessée a besoin d’être éduquée, informée par la vérité. Nous ne sommes pas nés avec des vérités scientifiques innées. Elle doivent être apprises. Ainsi, aussi, nous devons apprendre les vérités morales et les normes de façon à porter un jugement correct sur la manière par laquelle nous devons nous comporter. Autrement, notre conscience agira de façon aveugle et dans de nombreuses occasions fera des jugements erronés, particulièrement là où l’intérêt personnel est impliqué.
Même les incroyants ont besoin que leur conscience soit formée par des professeurs de grande sagesse, des figures de valeur morale, du passé ou du présent, dont la raison est plus parfaite, bien que faillible, en effet on trouve des erreurs même chez les plus grands philosophes.
Mais pour ceux qui se proclament chrétiens, qui éduquent correctement leur conscience, l’obéissance de leur totale personne à l’enseignement de Dieu est requise – le Dieu qui nous enseigne à travers ses représentants désignés.
Pour les protestants évangéliques, former leurs propres consciences suppose conformer leur propre conscience à l’enseignements des Ecritures Saintes tel qu’interprété par les grands maîtres à travers les âges. Mais une fois encore, ils n’ont pas d’autorité d’enseignement infaillible.
Maintenant, pour les catholiques, former correctement leur conscience signifie se soumettre aux enseignements de la Sainte Tradition des Ecritures tel qu’interprétés par grands Docteurs et Pères de l’Eglise, et ainsi que transmis et développés avec autorité par le Magister de l’Eglise, les successeurs des apôtres dont le Christ a dit « celui qui vous écoute, m’écoute » La raison joue son rôle dans l’application fidèle des normes morales à des situations particulières, mais la raison elle-même doit être soumise à la foi, c’est à dire, à l’enseignement du Magister.
Tout le reste doit être tiré de ce que St Paul appelle l’obéissance de la Foi. Certains peuvent argumenter qu’un catholique peut, en de rares occasions, avoir bonne conscience tout en étant dissident. Mais il serait absurde d’argumenter que le dissident puisse encore être en pleine communion avec l’Eglise.
La presque entière vérité de l’enseignement moral de l’Eglise est garantie par l’Esprit Saint simplement parce qu’il a été depuis longtemps enseigné via le Magistère ordinaire universel, ainsi que Vatican I et Vatican II l’ont clairement enseigné. Certaines questions morales qui ont été soulevées seulement récemment, et qui n’ont pas encore reçu d’enseignement autorisé, sont ouverts à la discussion et au désaccord. Mais elles n’incluent pas les enseignements relatifs aux sujets tels que la contraception ou le divorce et le remariage (une forme d’adultère), pas plus que le vol, la fornication, le meurtre etc.
C’est le fait de ne pas être en pleine communion de foi avec l’Eglise qui se trouve au coeur de l’interdiction pour les divorcés et remariés de recevoir la Communion. Et qui a finalement des conséquences encore plus sérieuses: la perte de la Foi Catholique. C’est la perte de la Foi qui a vidé nos églises, et qui continuera à le faire, jusqu’à ce que cette fausse notion de conscience soit fermement et clairement corrigée.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/02/22/a-brief-primer-on-catholic-faith-and-conscience/
A propos du Père Mark A. Pilon
Le Père Mark A Pilon prêtre du Diocèse d’Arlington, Virginie, a un doctorat de Théologie Sacrée à l’Université Santa Croce à Rome. Il est un ancien Président de Théologie Systématique au séminaire de Mount St Mary, il collaborât comme écrivain à la Triumph Magazine et il est retraité et conférencier à la Notre Dama Graduate School de la faculté de Christendom. Il écrit régulièrement sur littlemoretracts.wordpress.com
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