Le mot catéchèse vient d’un mot grec qui signifie « enseigner ». Il désigne le contenu de l’enseignement, ce qui est retenu. Nous n’enseignons pas « l’enseignement », nous enseignons quelque chose. Pas plus que « l’apprentissage » ne consiste à répéter les opinions du professeur. Cela implique de savoir ce qui est vrai à la fois pour le professeur et l’enseigné.
Nous ne sommes pas intéressés par ce que le professeur soutient, mais par savoir si ce qu’il enseigne est vrai ou non. Tous deux, le professeur et l’étudiant, en arrivent à affirmer la même vérité parce qu’il existe des raisons convaincantes de le faire.
Quelqu’un qui nie que quoi que ce soit puisse être vrai ne peut pas être professeur. On n’a pas besoin de se soucier de lui ni de ses théories. Si ce qu’il dit et ce que je dis sont contradictoires mais tous deux également « vrai » parce que nous l’affirmons, alors peu importe ce qui est enseigné. Nous avons par là même choisi de vivre dans un monde solitaire dans lequel nul ne peut parler de quoi que ce soit à qui que ce soit.
Par où commencer ? Je suis conscient d’exister quand je connais quelque chose en dehors de moi. Mon intelligence me rend capable de connaître ce qui n’est pas moi. Je deviens conscient que c’est moi qui connais quelque chose. Des choses autres que moi existent. J’ai hâte de connaître et d’identifier ce qu’elles sont. J’apprends le nom qui leur a été donné dans ma langue maternelle. Je ne suis pas la cause de l’existence des choses, ni de ma propre existence, ni du fait que les choses sont telles qu’elles sont.
Différentes classes de choses existent : animées et inanimées, des choses végétatives, des choses sensibles. J’ai moi-même tous ces niveaux d’existence dans ma propre vie. J’ai un poids, je grandis, je ressens et je pense. Je suis l’unique être de l’univers à avoir une main connectée avec une intelligence. Par conséquent, je peux comprendre des choses, les adapter à mes projets, les façonner en outils utiles. Mes pensées atteignent le monde par l’intermédiaire de ma main.
Je rencontre des semblables. Je ne peux pas les connaître tant qu’ils ne m’autorisent pas à le faire. Nous découvrons que, bien que fortement semblables, les choses vont mieux quand nous ne faisons pas tous la même chose. En ce qui nous concerne, nos relations avec nos semblables se révèlent être la chose la plus exigeante, excitante et parfois dangereuse.
Nous trouvons dans la nature des renseignements qui identifient et séparent une chose d’une autre. Nous essayons de connaître les choses en les distinguant l’une de l’autre par leurs caractéristiques. Une chose est vraie quand notre esprit est en conformité avec ce que nous constatons. Nous appelons cette activité : « connaître la vérité ».
Cependant nous vivons dans un monde déchu et imparfait. Certains désordres récurrents restent présents en nous et parmi nous. Nous essayons d’améliorer les choses par nous-mêmes, mais nous semblons avoir besoin d’une aide hors de notre portée. Nous nous louons ou nous blâmons les uns les autres pour être capables ou non de nous gouverner nous-mêmes.
Nous remarquons que nous mourons, tous sans exception. Une génération en remplace une autre. L’enfantement est la contrepartie de la mort. Nous cherchons anxieusement à être heureux, mais nous découvrons que toutes les bonnes choses que nous rencontrons sont fugitives et fragiles. Nous demeurons irrésolus.
Bien que ce monde ait été témoin de nos commencements, nous ne sommes pas créés uniquement pour ce monde-ci. Nous découvrons que notre existence en ce monde est un espace de temps durant lequel nous devons décider ce que nous choisissons d’être pour l’éternité. Nulle vie humaine n’est complète en ce monde tant qu’elle n’est pas finalement jugée. Quel que soit le temps qui nous est accordé en cette vie, court ou long, c’est suffisant pour décider, par nos actions et nos pensées, de ce que nous serons.
Nous sommes créés pour vivre d’une vie éternelle. Nous sommes créés pour ressusciter. En vérité, nous sommes créés pour vivre de la vie intérieure de la Trinité, elle-même source de tous les êtres, dont nous-mêmes.
Dieu ne peut pas nous accorder Sa vie éternelle à moins que nous ne choisissions de l’accepter. Cette invitation est inscrite au cœur de notre être. Cette décision libre de choisir ou de rejeter cette vie transcendante constitue le drame central de la vie de chaque personne humaine. Le monde existe pour rendre cette offre d’une vie éternelle possible pour une personne mortelle libre.
La vie (et la mort et la résurrection) du Christ est le canal par lequel la vie éternelle afflue vers nous. Christ est vrai Dieu et vrai homme. Le fait qu’Il ait existé dans ce monde a changé la direction du monde et clarifié sa raison d’être.
La Révélation est destinée à notre raison alors que notre raison reconnaît qu’elle n’est pas capable de l’expliquer entièrement. Mais elle peut reconnaître que ce qui nous est offert dans la Révélation est ce que nous aurions voulu si nous avions pu choisir.
La teneur de cette brève catéchèse est que nous sommes libres de choisir notre éternité – ou de la rejeter. La création dans sa gloire existe en vue de découvrir quelle alternative nous choisissons, ce qui se manifeste par la façon dont nous vivons jusqu’à notre mort.
James V. Schall S.J., qui a été durant 35 ans professeur à l’université de Georgetown, est l’un des auteurs catholiques les plus prolifiques en Amérique.
Illustration : tryptique : « Nativité, Crucifixion et Résurrection du Christ » par Maerten de Vos, 1569 [Palais des Arts, Düsseldorf, Allemagne]
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/02/13/a-short-catechesis/