Au Japon, quand un artisan d’art a particulièrement bien réussi à transmettre son savoir-faire, on le considère comme un « trésor national ». C’est ainsi qu’on devrait honorer Marie-Gabrielle Leblanc, en raison des mérites qu’elle s’est acquis lors de sa longue carrière de conférencière, de meneuse de voyages, de journaliste dans le domaine artistique.
Ce sont en effet grâce à elle, au final, des milliers de personnes qui, en plus de trente-cinq ans, ont parcouru les routes d’Europe de l’Est, du Proche-Orient, de l’Espagne, de l’Italie, de la France… à la découverte des plus beaux témoignages de l’art chrétien. Quant à ses lecteurs dans la presse catholique, ils ont encore été beaucoup plus nombreux et tout aussi enthousiastes.
Virtuose
Marie-Gabrielle a su emmagasiner une somme impressionnante de connaissances techniques, de relations avec les meilleurs spécialistes, nouer des amitiés avec les plus grands artistes contemporains. Avec son ami John Pole, elle a constitué une photothèque originale. Mieux, elle a su faire partager sa passion en donnant à son vaste public les éléments de jugement nécessaires pour apprécier une œuvre d’art chrétienne à sa juste valeur, que celle-ci date des tout premiers temps du christianisme ou qu’il s’agisse d’une production des plus récentes.
Une rencontre
Il y avait un domaine où Marie-Gabrielle Leblanc était paradoxalement absente, c’était celui de l’édition. La providence a voulu que les éditions Téqui soient récemment relancées par un jeune chef d’entreprise compétent : Tristan de Carné. Celui-ci a estimé que la vieille maison dont il doit assurer la pérennité, si elle reste forte en matière d’essais philosophiques, théologiques, politiques… ou en matière de publications pour la jeunesse, manquait de dynamisme en matière artistique… De la rencontre entre l’équipe de Téqui et Marie-Gabrielle est donc né, en décembre 2018, un premier album intitulé L’enfance du Christ dans l’art.
Il s’agit d’une plongée dans le Nouveau Testament, grâce notamment à une aimable confrontation entre les maîtres les plus absolus de l’histoire de l’art et quelques grands artistes contemporains.
À chaque fois une centaine d’œuvres sont reproduites et commentées. Les lecteurs de France Catholique n’auront pas de mal à imaginer que le commentaire est parfait, par sa précision sur l’évolution des techniques employées aux différentes époques, par la sûreté théologique, par l’indication de ce qu’il faut absolument remarquer dans l’œuvre d’un point de vue artistique et spirituel. Tout cela est pourtant court, et facile à lire, car la mission de ces beaux albums est plus d’éveiller le goût, d’émerveiller plus que pédagogique à proprement parler. Nul didactisme, juste la joie de savoir quelque chose qu’on pourra approfondir en se mettant soi-même en route, à la découverte des musées et des églises.
Il faudra louer particulièrement les maquettistes qui ont su être, mieux encore dans ce deuxième volume, dans l’esthétique de notre temps, avec une mise en page légère et variée. On espère un troisième volume l’année prochaine, car le Christ a inspiré des œuvres d’art considérables. Voilà LE cadeau de Noël à faire et l’aventure éditoriale à laquelle il faut participer.
— Marie-Gabrielle Leblanc, La vie publique du Christ dans l’art, Pierre Téqui éditeur, 238 pages, 29 €.
— Marie-Gabrielle Leblanc, La vie publique du Christ dans l’art, Pierre Téqui éditeur, 238 pages, 29 €.