On se souvient de l’affaire Wikileaks, il y a quelques mois, avec les révélations-fleuve de télégrammes de la diplomatie américaine, dont cet organisme (pour ne pas dire cette officine) s’était rendu « coupable ». Les ennuis judiciaires de son principal responsable ont pour le moment bloqué son activité personnelle d’un nouveau genre, propre à déstabiliser la diplomatie de la première puissance du monde. Le Vatican serait-il, à son tour, l’objet d’une offensive analogue ? On peut d’autant plus se le demander qu’un communiqué officiel est venu condamner l’acte criminel que constitue « la publication de documents confidentiels du pape ». Une suite judiciaire devrait être apportée à cette opération, « en faisant appel si nécessaire à la collaboration internationale ».
C’est le livre publié par un récidiviste, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi qui est à l’origine de nouvelles fuites émanant de la haute administration du Saint-Siège (Sa Sainteté: les papiers secrets de Benoît XVI). Il ne fait pas de doute que l’identité d’extrême gauche du personnage éclaire le but de ces révélations : déstabiliser l’institution en s’en prenant à la personne même du Saint-Père. Toutefois, le caractère spécifiquement italien des documents donne plutôt à penser que les informateurs indélicats sont mus par des sentiments de rivalité et de vengeance personnelles. On ne peut que s’en indigner, tout en relativisant le scandale. Ce qu’il faut souhaiter, c’est une reprise en main, dans les meilleurs délais, de certains rouages du Vatican, avec la mise à l’écart de ceux qui trahissent ignominieusement leur mission. Cela ne saurait en aucune mesure entacher la confiance indéfectible que les catholiques ont à l’égard de Benoît XVI. La mesquinerie de pareilles querelles transparaît d’autant mieux en contraste avec la personnalité d’un pape qui conduit l’Église avec les dons exceptionnels que la Providence lui a confiés. C’est une occasion de lui redire notre affectueux respect avec l’expression de notre solidarité à l’intérieur de la grande communion ecclésiale.